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équivoque puisqu’il résulte de son texte que les ressources d’une association pourront être versées à d’autres, ou servir à payer des cotisations à des unions sans que ces versemens soient limités à un chiffre quelconque. Il n’est fait exception que pour les recettes affectées à un objet spécial. On ne saurait contester que toutes ces dispositions ne soient libérales. Voici le trait final : l’avant-projet, poussant à l’extrême limite la manie de réglementation et d’inspection qui est dans nos habitudes administratives, décidait qu’il serait fait par les agens de l’État et de la commune un inventaire annuel des biens de l’association. Étrange aberration ! L’expérience qu’on vient de faire des inventaires devait encourager, n’est-ce pas, à les recommencer tous les ans ? Le Conseil d’État ne l’a pas cru. Il y aura bien un inventaire annuel ; l’article 21 de la loi le rend obligatoire ; mais ce sera une opération intérieure de l’association, l’autorité publique n’y interviendra pas. Ce sont là des améliorations incontestables. Le Conseil d’État ne les a pas faites sans résistance. Il y a eu dans son sein des discussions et des batailles comme dans une assemblée politique, et nous ne savons pas quel en aurait été le dénouement si le gouvernement n’avait pas jugea propos d’y intervenir discrètement. Il a engagé, nous allions dire poussé le Conseil d’État dans la bonne voie. Il a voulu faire œuvre d’apaisement. Il a préparé à son successeur un héritage plus léger à supporter.

Au milieu de tous ces incidens agités, troublés, violens, de ces séances tumultueuses, de cette crise inopinée, un événement d’un autre caractère se prépare : on y trouvera sans doute le calme, la modération, l’élévation de pensées et, qu’on nous permette de l’espérer, la charité qui manquent ailleurs. Il s’agit de la prochaine réunion des évêques de France. Pour la première fois depuis le Concordat, et même depuis plus longtemps, une réunion de ce genre aura lieu. C’est donc une expérience toute nouvelle qui va être faite, et elle éveille, même en dehors des catholiques, un intérêt extrêmement vif. Depuis la suppression du Concordat, le Pape a donné une première preuve de son indépendance reconquise en nommant à lui seul des évêques et des archevêques. Nous espérons qu’à l’avenir il enfermera lui-même l’exercice de son pouvoir dans certaines règles ; mais, cette fois, le nombre des prélats à nommer et l’urgence qu’il y avait à le faire ne lui permettaient pas de procéder autrement. Quoi qu’il en soit, c’est là un grand fait. Nous allons bientôt en voir un autre non moins important dans la réunion de nos évêques : il témoignera une fois de plus et sous une autre forme de