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avant d’avoir entrevu la fin de son procès, il trouve la plaisanterie mauvaise.

Avec l’année 1892 s’ouvre une nouvelle période de troubles intérieurs ; les ministres accrédités à Caracas sont assaillis de réclamations de leurs nationaux. Le 8 avril 1893, les ministres d’Allemagne, représentant aussi les intérêts anglais et néerlandais, d’Espagne et de Belgique se réunissaient chez leur doyen, M. de Monclar, ministre de France, pour aviser d’un commun accord aux moyens d’obtenir satisfaction du gouvernement vénézuélien ; ils rédigeaient un mémoire secret et confidentiel où ils s’exprimaient très clairement et très librement sur les conditions faites aux étrangers au Venezuela, et concluaient à l’institution d’une commission internationale qui statuerait sur les réclamations des étrangers. Le ministre d’Italie, comte Magliano, s’était abstenu de participer aux réunions sous prétexte que, nouveau venu au Venezuela, il n’était pas au courant des circonstances qui provoquaient la délibération du corps diplomatique, mais il demanda et obtint de transmettre au Quirinal copie du document. La proposition des ministres n’eut pas de suites, les gouvernemens n’ayant pu s’entendre sur la forme pratique à donner à leur accord. Quelques mois après, l’Italie régla séparément à Caracas les réclamations, d’ailleurs insignifiantes, de ses nationaux ; à cette occasion, un Livre vert fut distribué au Parlement dans lequel était divulgué le document signé en avril par les ministres (6 décembre 1894). A Caracas, le Président se trouvait alors dans une situation très difficile ; pressé par les réclamations du corps diplomatique, il désespérait de pouvoir se dérober plus longtemps ; aussi se hâta-t-il de profiter de l’incident pour manifester une violente indignation ; sans demander d’explications, il fit remettre leurs passeports au ministre de France et au chargé d’affaires de Belgique, seuls signataires du document du 8 avril qui fussent encore accrédités à Caracas.

Cette nouvelle rupture, si étrangement provoquée par le Venezuela, dura sept ans ; plusieurs fois, notamment en 1897, lors de la mission du général Pietri à Paris, des tentatives de rapprochement furent ébauchées ; elles échouèrent devant la mauvaise volonté persistante des présidens vénézuéliens. Cependant, la loi du 24 février 1900 sur le régime douanier applicable aux denrées coloniales, atteignit le Venezuela dans ses œuvres vives. De par cette loi, on le sait, le café est soumis, à