Page:Revue des Deux Mondes - 1906 - tome 32.djvu/430

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

affaires, s’adressait volontiers au marché français : c’est sous son impulsion que fut fondée par nos compatriotes la Compagnie des chemins de fer vénézuéliens qui obtint, par contrat du 23 juillet 1887, la concession d’une ligne allant de la côte nord du lac de Maracaïbo à Mérida ; elle construisit un tronçon de 60 kilomètres, de San Carlos del Julia à el Vigia et l’exploita régulièrement de 1893 à 1899 ; mais les révolutions survinrent, la garantie d’intérêts de 7 pour 100 promise par le Venezuela ne fut jamais payée ; la Compagnie conclut un concordat avec ses obligataires et reçut du gouvernement, en 1896, une indemnité de 4 450 000 bolivars en titres d’un emprunt de 5 pour 100 conclu par la Disconto Gesellschaft de Berlin ; l’arbitrage du juge Plumley lui attribua encore une légère indemnité ; elle n’en est pas moins aujourd’hui en liquidation. Un planteur français originaire des Pyrénées, M. Victor Crassus, est propriétaire d’une ligne de 50 kilomètres de Port de Carenero à Rio Chico. Les capitaux français entrent pour une forte part dans l’actif de deux grosses maisons de banque, et Banco de Venezuela et el Banco de Caracas ; ils y sont de beaucoup les plus importans après les capitaux vénézuéliens. Un grand nombre de sociétés ont des actionnaires français sans qu’il soit possible d’en établir la statistique. De grosses maisons françaises font une bonne partie du commerce des tissus, farines, vins, alcools ; pour les modes féminines, les parfums, les maisons parisiennes font la loi du bon goût ; le restaurant français, à Caracas, est le plus en vogue ; ici, comme partout, notre importation est sans rivale pour les articles soignés, les objets de luxe, les industries d’art.

Dans toutes les villes de la côte, jusque sur les bords de l’Orénoque et sur le penchant des Andes, on trouve des Français établis, travaillant et prospérant. Près de la Guayra est la vaste hacienda de M. Victor La corne avec 400 000 caféiers, 10 000 cocotiers, 60 hectares de canne à sucre, 200 têtes de bétail, etc. A Puerto Cabello les Français, autrefois nombreux, ont peu à peu cédé la place aux Allemands. A Valencia, plusieurs maisons françaises représentent environ trois millions de capital ; d’autres, à Maracaïbo, luttent péniblement contre l’invasion allemande. A San Cristobal del Tachira, dans les Andes, résident plusieurs Français ; une forte maison s’occupe de banque, d’exportation de cafés, d’élevage. Dans l’Etat de Bolivar, nos compatriotes sont nombreux et prospères ; il y a vingt maisons françaises à Ciudad