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1 million à 1 20 000 francs ; celui de maître de la garde-robe du Roi 1 900 000 francs ; ceux de capitaines des gardes du corps 1 250 000 francs. Des charges semblables ou analogues à celles qui se vendaient, sous Louis XIII, 625 000 francs, comme la surintendance de la maison de la Reine, montent sous Louis XIV à 1 700 000 francs. Auprès des princes du sang, les grands offices, d’un taux un peu moindre, sont encore de 975 000 francs pour la chancellerie du Duc d’Orléans, de 634 000 francs pour le secrétariat de ses commandemens, de 562 000 pour la capitainerie des gardes de la Reine.

Les « récompenses, » que le gouverneur nouvellement pourvu doit verser à son prédécesseur, s’il se démet, ou à la famille de celui-ci, s’il est mort en fonction, montent à 1 million pour la Picardie, à 1 260 000 francs pour le Berry. Les gouvernemens de Péronne, de Chinon, valent 520 000 francs ; Boulogne vaut un million et le Havre en vaut deux. Les grandes charges militaires, dont plusieurs furent abolies sous Louvois, dépassaient toutes le million : celle de colonel de la cavalerie légère se paya 1 460 000 francs ; celle de colonel général des Suisses 2 millions et demi ; celle de général des galères 2 275 000 francs. La propriété d’un régiment, — à laquelle était attaché le grade de « mestre-de-camp, » plus récemment, colonel, — coûtait de 400 à 450 000 francs. Celle d’une compagnie, conférant le grade de capitaine, se négociait pour 75 000 francs ; elle valait le double au régiment des gardes-françaises, corps d’élite, où les simples enseignes trouvaient preneur à 60 000 francs ; tandis que, dans un régiment moins recherché, une charge de major ne se. payait pas plus de 90 à 100 000 francs.

Que la richesse des particuliers se crée, s’augmente, se conserve, se détruise ou se perde, suivant les époques, par telle ou telle voie ; que la fortune acquise consiste dans la propriété de telles ou telles choses et soit employée par son possesseur de telle ou telle façon, ce ne sont point là seulement des sujets d’études économiques, faites pour piquer notre curiosité et nous mieux révéler l’âme de nos pères. Le jeu des intérêts, associés ou hostiles, produit, suivant le terrain sur lequel ils évoluent, de bonnes ou de mauvaises conséquences. Le désir naturel de s’enrichir et la manière dont on s’enrichit peuvent être avantageux ou nuisibles à la prospérité collective d’une nation, suivant les procédés employés ; suivant, par exemple, que la richesse se