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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




27 février.


La transmission des pouvoirs d’un président de la République à un autre ne s’était encore jamais faite dans des conditions normales : aussi s’y est-on intéressé comme à une nouveauté. La manière dont elle s’est opérée a été très simple. Les deux présidens se sont adressé des paroles pleines de convenance et de sympathie mutuelle, au moment où l’un quittait l’Elysée, et où l’autre y entrait. La cérémonie a eu lieu un dimanche. Il faisait beau. La foule a acclamé impartialement, nous voulons dire également, M. Fallières et M. Loubet dans le parcours du Palais du Luxembourg à l’Elysée. M. Loubet a pu se rappeler, pour y trouver un contraste tout à son avantage, les manifestations bien différentes qui s’étaient produites, il y a sept ans, sur son passage lorsque, revenant de Versailles où il venait d’être élu par le Congrès, il est arrivé à Paris. On était alors en pleine effervescence morale. Les passions étaient déchaînées de part et d’autre. Il en résultait une agitation qui s’est prolongée pendant quelques années et a pris des formes diverses que nous ne voulons pas rappeler. M. Loubet a désarmé, en ce qui le concerne personnellement, des hostilités qu’il n’avait rien fait pour provoquer : il vient d’en avoir la preuve.

Nous ne porterons pas sur son septennat un jugement qu’il faut laisser à l’histoire. Elle dira peut-être que toutes ses bonnes intentions n’ont pas été suivies d’effet ; mais c’est déjà quelque chose de les avoir manifestées publiquement, à l’encontre des actes de son gouvernement, et M. Loubet l’a fait en maintes circonstances. Par malheur, il n’en est rien résulté. Les radicaux-socialistes, après s’en être un peu émus, y sont bientôt devenus indifférens, et les libé-