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FIGURES BYZANTINES

L’IMPÉRATRICE IRÈNE

Vers la fin de l’année 768, Constantinople était en fête : la capitale byzantine célébrait le mariage de l’héritier présomptif de l’empire, Léon fils de Constantin V.

Le 1er novembre au matin, une flottille de bateaux de gala, somptueusement tendus de soieries éclatantes, était allée au palais d’Hiéria, sur la rive asiatique du Bosphore, chercher la jeune fiancée et l’avait ramenée à Byzance, où elle avait fait son entrée solennelle. Quelques semaines plus tard, le 18 décembre, au Palais Sacré, dans le triclinium de l’Augustéon, en présence de la cour assemblée, les deux basileis couronnaient la nouvelle souveraine. Assis sur les trônes d’or, assistés du patriarche, Constantin et son fils avaient soulevé le voile qui cachait le visage de la future impératrice, passé la chlamyde de soie pardessus sa longue robe d’or, posé sur sa tête la couronne ; attaché à ses oreilles les pendeloques de pierreries. Puis, dans l’église de Saint-Etienne, la nouvelle Augusta avait reçu les hommages des grands dignitaires de la monarchie ; sur la terrasse du salon des Dix-neuf lits, elle s’était montrée au peuple et avait été saluée par les acclamations de ses nouveaux sujets. Enfin, avec son brillant cortège de patrices, de sénateurs, de cubiculaires et de dames d’honneur, elle était revenue à l’église de Saint-Etienne, et là, le patriarche Nicétas avait célébré les offices rituels et placé les couronnes nuptiales sur la tête des deux époux.