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étrangères. Partie en décembre 1904, la mission, après avoir séjourné trois mois à Caboul, en a rapporté un traité aux termes duquel « Sa Majesté l’émir, par les présentes, s’engage à remplir les clauses des accords conclus par son père avec la Grande-Bretagne au sujet des affaires extérieures et intérieures de l’Afghanistan et à n’y contrevenir par aucune action et aucune promesse ; » et aussi par lequel « l’honorable William Dane confirme les accords conclus au sujet desdites affaires entre le gouvernement britannique et le père de Sa Majesté l’émir et promet de ne rien faire qui soit contraire à ces accords. » Sous ces termes, il faut entendre les accords conclus entre le gouvernement anglo-indien et Abdurrhaman au moment de l’accession au trône de ce dernier et lors de la mission de sir Mortimer Durand en 1893 à Caboul, accords par lesquels l’émir renonce à toutes relations extérieures avec une puissance étrangère et cède la partie de ses États au-delà de la chaîne occidentale des monts Souleïman, et la Grande-Bretagne s’engage à ne jamais s’immiscer dans les affaires intérieures de l’Afghanistan et à payer à l’émir un subside annuel de trois millions.

À la vérité, ce traité a causé un certain désappointement de l’autre côté du détroit parmi les partisans de la politique impériale et de l’expansion à outrance de l’empire britannique. Ceux-ci, escomptant des avantages plus substantiels, avaient espéré que la mission aurait pour résultat l’installation de résidens d’origine européenne à Hérat, à Candahar, à Mazar-i-Chérif, la nomination d’instructeurs anglais pour l’armée afghane, l’ouverture de voies de communication, chemins de fer et télégraphes à travers les États de l’émir. Le traité anglo-afghan ne faisant aucune allusion à ces désidérata, ils l’ont déclaré insuffisant et quelques-uns même ont conclu, dans ces conditions, à l’inutilité de la mission, en faisant remarquer qu’il n’y avait aucune urgence à obtenir de l’émir Habibulla une nouvelle confirmation des traités conclus par son père auquel il a succédé régulièrement, qu’une telle confirmation n’était nécessaire que dans le cas où un aventurier se serait frayé un chemin au trône et n’aurait pas été regardé comme lié par les engagemens pris par son prédécesseur.

Mais pour qui tient compte des données de l’histoire des relations du gouvernement anglo-indien et de l’Afghanistan, il est difficile de se placer à ce point de vue. Considéré en lui-même,