de justice s’est évidemment enrichie, tandis que le prolétariat, le simple peuple s’appauvrissait de moitié par la baisse des salaires. L’ouvrier ne fait guère de contrat de mariage ; la matière lui manque. L’apport de la mariée, dans l’un de ceux que nous possédons, consiste en un âne et une robe de cadis gris, le tout évalué 130 francs.
Mais il se trouve, au temps de la Ligue, nombre de femmes de maîtres-tanneurs, tisserands et cordonniers, de patrons-jardiniers et chaussetiers, avec 1000 et 2 000 francs ; des femmes de boulangers et drapiers avec 3 000 et 5 000 francs de dot. Un notaire, un avocat, épousent des filles qui leur apportent de 7 000 à 15 000 francs, et la fille du lieutenant au présidial de Nîmes, en 1583, reçoit en mariage 52 000 francs.
Certes les dots ne sont pas tout ; elles ne nous révèlent pas la totalité des fortunes, mais elles nous fournissent des renseignemens précieux par leur comparaison entre elles, à chaque époque, et avec les dots correspondantes d’aujourd’hui.
Aux temps modernes où les roitelets, maîtres d’un ou deux départemens, ont été remplacés au point de vue de la richesse par des officiers de finance, maîtres d’une ou deux dizaines de millions, et par des seigneurs de cour, titulaires d’une pension sur le Trésor, les chiffres ont beaucoup haussé. Le « plus gros mariage » de Paris, à la fin du XVIe siècle, avait été celui de la fille du président Jeannin avec 420 000 francs de dot ; au milieu du XVIIe, la fille du chancelier Séguier en reçut 1500 000. L’écart entre ces deux sommes permet de mesurer l’ascension récente de la noblesse de robe. De pareilles dots sont inconnues dans la noblesse d’épée : Mlle de Montmorency-Bouteville, sœur du futur maréchal de Luxembourg, reçut 750 000 francs ; le maréchal de Roquelaure donnait à sa fille, mariée au comte de La Vauguyon, 640 000 francs, et le maréchal de Châtillon donnait à la sienne 500 000 francs en la mariant au comte d’Hadington, de la maison de Hamilton. Telles sont les plus favorisées. Bien rares encore sont les dots de 300 000 francs comme celle de Mlle de Montespan, femme du maréchal d’Albret, et même de 235 000 francs, comme celle dont est pourvue la fille du maréchal de Thémines, épousant J. de Gontaut.
Au contraire on rencontre fréquemment, dans les meilleures familles, aux XVIIe et XVIIIe siècles des dots de 50 000 à 20 000 francs. Les filles oui les apportent semblent, des partis