Page:Revue des Deux Mondes - 1906 - tome 31.djvu/814

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mandant en chef, lord Roberts, déclarait l’autre jour que l’armée vaut encore moins qu’avant la guerre.

Avec Lloyd George nous entrons dans la question de la réforme scolaire, une des premières qui occuperont le futur parlement. Le président du Board of trade est d’avis qu’il faut laisser dans l’école une place pour l’enseignement religieux et, au nom de ses coreligionnaires, les non-conformistes du pays de Galles, il fait appel à une entente sur ce point avec les anglicans. Beaucoup d’autres membres du parti libéral sont partisans de l’enseignement purement laïque. Il est facile de prévoir une bataille entre libéraux, quand cette question viendra à l’ordre du jour.

1er janvier 1906. — Petits cadeaux du jour de l’an. En quittant le pouvoir, M. Balfour s’était contenté de créer deux pairies en faveur de deux anciens collègues, hommes de valeur, dont il s’était séparé sur la question du libre-échange, M. Ritchie[1] et sir Michaël Hicks Beach. Sir Henry Campbell Bannerman avait le droit, et jusqu’à un certain point le devoir, de conférer des honneurs au nom du Souverain à l’occasion du renouvellement de l’année. Le chef du dernier ministère libéral, lord Rosebery, avait dédaigné de fabriquer des pairs. Ennemi déclaré de la haute Chambre dont il est, pourtant, un des ornemens, il semblait décidé à la laisser s’atrophier faute de sang nouveau. Il se disait, non sans raison, qu’une Chambre des pairs, entièrement composée de tories, n’aurait plus aucune autorité aux yeux du pays. Sir Henry n’en juge pas ainsi. Il paraît décidé à raviver le parti libéral dans la Chambre héréditaire. Il vient de créer d’un coup sept pairs et quelques conseillers privés parmi lesquels M. Labouchère. La feue reine s’était toujours refusée à contresigner aucune ordonnance en faveur du célèbre député de Northampton. Elle se souvenait de certains articles qu’Édouard VII aime mieux oublier. En cela, il se montre plus spirituel que M. Labouchère lui-même, ce qui est beaucoup dire. Le roi d’Angleterre ne venge pas les injures du prince de Galles.

3 janvier. — Après la question du free trade, celles qui semblent passionner le public sont l’intervention de l’État dans la crise du travail et l’importation des Chinois dans l’Afrique du Sud. Pour résoudre le premier de ces problèmes ou, du

  1. Quelques jours après, lord Ritchie est mort subitement à Biarritz.