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AU TEMPS PASSÉ

LA CRÉATION DES FACULTÉS DE NANCY
LA SORBONNE EN 1860

L’essor donné depuis quelques années à l’enseignement supérieur en France ne doit pas nous faire oublier combien fut modeste le point de départ des grandes Universités d’aujourd’hui. Peut-être sera-t-il permis à un témoin, à un acteur de ces commencemens, d’en raconter sommairement l’histoire. Avant que la troisième République eût compris la nécessité des larges dotations, avant qu’elle eût mis son honneur à créer des centres d’instruction puissans, des chaires, des conférences, des laboratoires afin de ne pas rester au-dessous de l’étranger, on pouvait se donner à peu de frais le luxe d’une Faculté. Quatre ou cinq professeurs, à raison de quatre mille francs chacun par an, il n’en fallait pas davantage pour qu’une ville bien placée et bien en cour pût obtenir un établissement d’enseignement supérieur. C’est ce qui se passa au moment où fut tracée sous le second Empire la Géographie universitaire qui dure encore et qui marqua entre les différentes régions du pays la distribution des Académies. Pendant une courte période de dépression et de mauvais vouloir, on avait voulu humilier l’Université en supprimant les Académies anciennes, égales en nombre aux Cours d’appel et aussi fortement constituées qu’elles, pour les remplacer par la poussière des Académies départementales. En créant un recteur dans chaque département, là où autrefois suffisait un inspecteur, on abaissait la fonction, on diminuait l’autorité du