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nos esprits et nos cœurs : qu’elle continue ! La Gazette de l’Allemagne du Nord, le seul journal que nous citerons, résume assez bien tous les autres. « L’Empereur, y lisons-nous, a démontré dans des occasions graves qu’il était prêt à défendre vigoureusement les intérêts et les droits de la nation. Il n’a pas hésité à mettre sa personne en jeu, lorsqu’il s’est agi de repousser des projets hostiles par une pression vigoureuse, et le peuple ne peut que lui en témoigner sa reconnaissance. L’Empereur veut la paix, mais la paix avec honneur. Il n’y a donc pas de contradiction, mais une preuve de logique à s’efforcer constamment de maintenir la progression des forces militaires en rapport avec l’importance croissante des intérêts allemands. Sous l’égide de l’épée toujours prête à frapper, l’Empereur a réussi à travailler au développement de son œuvre de paix, etc. » Telles sont les réflexions que les premiers travaux de la Conférence d’Algésiras, concordant avec l’anniversaire de l’Empereur, inspirent à la presse allemande. Et ce n’est pas seulement la presse qui s’exprime ainsi : M. de Ballestrem, le président du Reichstag, a prononcé un discours qui sort évidemment du même cru. Nous rendons à M. le prince Radolin la justice que lui du moins a prononcé des paroles d’apaisement ; mais il a été le seul à le faire. Depuis le premier jour du conflit jusqu’à celui où nous sommes, le langage du côté allemand a été dur, impérieux, menaçant. Aucune concession de notre part n’est parvenue à l’adoucir. En le constatant, nous en prenons notre parti. Non moins résolument que l’Allemagne, nous voulons la paix ; mais comme elle, nous la voulons avec honneur.


FRANCIS CHARMES.


Le Directeur-Gérant,

F. BRUNETIERE.