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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




31 janvier


L’élection du Président de la République nous apparaît déjà dans le lointain : il nous serait difficile d’en rien dire qui n’ait été dit et redit par les journaux du monde entier. M. Fallières, président du Sénat, a été élu au premier tour de scrutin à une majorité de 7S voix. C’est une belle élection. Il la doit à la haute situation qu’il occupait déjà, puisque le président du Sénat est hiérarchiquement la seconde personne de l’Etat, et aussi à des qualités personnelles faites de modération dans les idées, de bienveillance et de courtoisie envers les personnes. Dès la veille du 17 janvier, son succès ne faisait plus de doute. Son nom était sorti le premier, et avec une avance considérable sur celui de M. Doumer, du scrutin préparatoire ouvert dans une réunion plénière des républicains. M. Doumer a été battu, mais il l’a été très honorablement. De bons républicains ont voté pour lui. Nous en avons dit les raisons sur lesquelles il n’y a pas à revenir aujourd’hui. M. Fallières n’est plus candidat ; il est Président de la République. Il ne reste plus qu’à s’incliner avec déférence devant la haute autorité dont l’a revêtu le vote de l’Assemblée nationale : il l’exercera avec le sentiment profond des intérêts qui lui sont confiés.

Cette élection n’a d’ailleurs pas été sans quelque équivoque. On a relevé, non sans ironie, l’interversion qui a fait de M. Fallières, modéré, le candidat des radicaux et des socialistes, et de M. Doumer, radical, celui des modérés et des libéraux. La politique a de ces surprises : mais, quelque habitué qu’on y soit, elles déroutent toujours un peu. Chaque parti a eu le sentiment qu’il ne vaincrait pas avec un candidat vraiment à lui, et il est allé en choisir un sur les confins du parti adverse. Nous n’avons pas à parler de M. Doumer, puisqu’il est