Page:Revue des Deux Mondes - 1906 - tome 31.djvu/713

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

guerre de 1870, quoique le prix des 100 kilogrammes ait fléchi depuis trente ans de 150 à 100 francs. Autant vaut dire que l’impôt s’est accru d’un tiers. Toutefois les stéariniers ne supportent pas, à proprement parler, les rigueurs de l’exercice, ils achètent des vignettes officielles, comme nous achetons des timbres, à beaux deniers comptans, et, ainsi que sur une lettre, les collent sur les paquets qu’ils lancent dans le commerce. Les neuf dixièmes des bougies confectionnées à Marseille sont absorbés par la consommation ménagère française.

Le reste s’exporte. Nous n’avons pas pu prendre connaissance des statistiques qu’a dressées la Chambre de commerce de Marseille pour l’année 1904 ; la publication n’est pas faite, mais l’année 1903 accuse une augmentation sur la période précédente. Malgré le fléchissement des approvisionnemens sollicités par l’Espagne, la Belgique, le Portugal, l’Autriche, la Roumanie, quelques pays d’Afrique et d’Amérique et enfin par l’Australie, on constate de forts accroissemens de demandes en Italie, en Égypte, en Chine, en Indo-Chine. Au point de vue absolu, l’Algérie marche en première ligne, puis viennent la Chine, l’Égypte, la Turquie.

Concurrencée, depuis de longues années déjà, par l’huile, le gaz, le pétrole, l’électricité, l’acétylène et l’alcool, la bougie est-elle condamnée à s’éclipser devant ses rivaux et à disparaître de la scène du monde ? Nous ne le croyons pas. Sans doute elle n’émet point une lueur bien fulgurante et doit s’humilier sous ce rapport devant ses brillans partenaires. Mais, se consumant elle-même sur un simple support, elle ne réclame pas d’appareil de combustion plus ou moins cher, plus ou moins propre, et de marche plus ou moins satisfaisante, comme font l’huile, le pétrole, l’acétylène, et ne nécessite en rien l’installation coûteuse, compliquée, parfois encombrante du gaz ou de l’électricité. Comme accidens à craindre, pas d’explosion ; tout au plus de simples taches ; les risques d’incendie réduits à leur minimum. Jamais d’interruption forcée par mauvaise marche, dégradations d’appareil, par chômage forcé d’usines centrales ou par grèves du personnel de celles-ci. La bougie, qui par millions s’échappe d’une grande manufacture, est destinée à coûter de moins en moins au consommateur, grâce aux progrès de la fabrication, grâce à l’art de transformer de mieux en mieux des matières premières et encore celles-ci jamais ne feront défaut à l’indus-