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l’intervalle de révolution essentielle dans l’art du fabricant ni dans la pratique des consommateurs.

Lorsque, à la température de 170 degrés et dans un autoclave, on traite par une base, la chaux par exemple, et par un excès d’eau les corps gras naturels, animaux ou végétaux, de la glycérine est mise en liberté, et l’on obtient les acides gras à l’état, de sels de chaux insolubles. On les dégage par l’acide sulfurique qui s’empare de la chaux pour former du sulfate de chaux insoluble et ils surnagent au mélange. L’acide oléique ainsi libéré est liquide et ne présente aucun intérêt pour le fabricant de bougies, mais il est accompagné de l’acide margarique ou palmitique de Chevreul et de Frémy et surtout d’acide stéarique découvert par ce premier chimiste en 1811. Ces derniers corps sont solides, bien qu’aisément fusibles, combustibles et éclairans puisqu’ils sont riches en hydrogène et en carbone, brûlant sans odeur et conviennent parfaitement une fois mélangés pour réaliser les propriétés que l’on recherche. Il faut ajouter une fois pour toutes que dans la pratique industrielle on se sert de termes inexacts : au lieu d’acide stéarique, on dit « stéarine » et au lieu d’acide margarique, on emploie l’expression de « margarine. » Il n’y a aucun inconvénient à user de ces abréviations, et même on resserre encore, sous la dénomination unique de « stéarinerie » l’art d’obtenir, en vue de l’éclairage, le mélange précité.

Une bougie en activité, a dit un auteur compétent, représente une minuscule usine à gaz. Au début, sous l’action du foyer d’allumage, la mèche prend feu ; il se développe un peu de chaleur qui suffit à fondre la stéarine voisine de la mèche, stéarine qui ne tarde pas à s’élever dans celle-ci par ascension capillaire et à brûler elle-même en aspirant une nouvelle provision de combustible qui se répare tant que dure la bougie. Si on éteint celle-ci, un nouvel allumage devient d’autant plus facile que la mèche est déjà imprégnée de stéarine qui ne brûle, du reste, qu’après décomposition par la chaleur et production de gaz combustible fortement mêlé de parcelles de carbone. Dans la zone interne qui entoure l’extrémité de la mèche, il y a défaut d’air et excès de carbone ; dans le contour de la flamme extérieure, c’est juste le contraire, mais au point de vue de l’éclat, le résultat apparaît aussi insuffisant, et si une bougie allumée brille bien, c’est surtout par la zone moyenne de sa flamme. Ces détails se lisent d’ailleurs dans tous les traités de chimie élémentaire.