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« LES DEUX FRANCES »

Sous ce titre piquant, les Deux Frances[1], un écrivain suisse, M. Paul Seippel, a publié un livre qui touche à bien des questions actuelles, et même brûlantes. Le livre est intéressant, fort agréablement, et parfois même brillamment écrit. Parmi bien des erreurs, des lacunes et des méprises, il contient, à notre adresse, des vérités aimables, des vérités amères et des vérités utiles. Il reflète assez exactement, croyons-nous, l’idée que l’on se fait de nous à l’étranger, dans les milieux où l’on est — où l’on se croit plutôt — très favorable à la France. Comme il est très modéré de ton, qu’il a l’air assez informa et à peu près impartial, il est probable qu’il sera très lu hors de France et qu’il y fera autorité. A tous ces titres, il vaut la peine d’être examiné, discuté, — et peut-être un peu rectifié.


I

« On lit dans les vieilles légendes hébraïques que Rébecca, sentant les deux enfans qu’elle portait lutter dans ses entrailles, consulta le Seigneur : Deux nations dans ton sein, lui fut-il répondu. Dans le sein de notre pays, comme dans celui de Rébecca, se battent deux peuples dont l’un veut étouffer l’autre. » On connaît ces lignes de Renan : ce sont elles qui ont fourni à M. Seippel l’idée du titre de son livre, sinon de la thèse qu’il y

  1. Les Deux Frances et leurs origines historiques, par M. Paul Seippel, professeur à l’École polytechnique fédérale, 1 vol. in-8o. Lausanne, Payot ; et Paris, Alcan.