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marches forcées dans la région d’Aix et de Juliers pour assurer la défense de Cologne en cas de nécessité... »

Pendant que Gneisenau se livrait à ces appréciations, vraisemblablement provoquées par le manque de clarté de la situation, arriva la première nouvelle rassurante. Gröben annonçait que, jusqu’à onze heures et demie du matin, il n’avait observé que peu ou pas de mouvemens chez l’ennemi.

Dans l’après-midi, la situation se détendit. On apprit de plusieurs côtés que de grandes masses françaises poursuivaient les Anglais vers Genappe... Les colonnes de munitions arrivèrent à cinq heures. La tête de colonne du IIIe corps atteignit la Dyle à huit heures du soir. Enfin à dix heures et demie, arriva la nouvelle que le IVe corps était à Dion-le-Mont (5 kilomètres à l’est de Wavre). Entre onze heures et minuit, on reçut une lettre de Müffling[1] annonçant que Wellington était décidé à accepter la bataille. A minuit, furent donnés les ordres de mouvement pour la journée du 18 (Waterloo). Lettow reproche à ces ordres d’avoir occasionné la lenteur et les difficultés de la marche des corps prussiens, et de n’avoir pas su mieux utiliser le réseau routier. Enfin, à deux heures du matin, Blücher fit expédier à Müffling la lettre suivante :

« Quartier général de Wavre, le 17 juin 1815.

« J’ai l’honneur de vous informer que par suite de la communication qui m’a été faite au sujet de l’intention du duc de Wellington d’accepter la bataille sur sa position de Braine-l’Alleud à La Haye, j’ai pris les dispositions suivantes pour les mouvemens de mes troupes : Le corps de Bülow rompra à la pointe du jour de Dion-le-Mont, par Wavre, vers Saint-Lambert, pour attaquer le flanc droit de l’ennemi. Le IIe corps le suivra immédiatement. Les Ier et IIIe corps se tiendront prêts à suivre le mouvement. L’épuisement des troupes dont une partie, notamment la queue du IVe corps, n’est pas encore arrivée, ne permet pas de commencer le mouvement plus tôt.

« Je vous prie de me faire savoir de bonne heure quand et comment le duc sera attaqué, afin que je puisse prendre mes mesures en conséquence[2]. »

Le 18, dans la matinée, Blücher se décida à venir en aide à son allié avec son armée tout entière ; à neuf heures et demie

  1. Le général Müffling représentait l’armée prussienne auprès de Wellington.
  2. Napoleons Untergang, p. 365.