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Là, avec l’aide de deux autres officiers, il fit barrer la route à son passage dans la forêt, força la colonne à s’arrêter, et fit remettre de l’ordre dans les troupes. Puis il s’empressa d’adresser au général Grolman le rapport suivant :

« Je rends compte[1] très respectueusement à Votre Excellence des mesures prises pour remettre de l’ordre dans les troupes. J’ai pu arrêter la tête ‘de colonne sur les hauteurs de Lauzelle. Les troupes se rassemblent. Comme il est peut-être important de passer à temps le défilé de Wavre, je demande très respectueusement des ordres pour les dispositions à prendre d’urgence, soit en vue de la reprise de la marche, soit pour l’établissement de bivouacs.

« P.-S. — Le colonel Rohl fait demander très respectueusement sur quel point il faut diriger les bouches à feu à réparer. Les vivres manquent complètement. »

« Wüssow ne tarda pas à recevoir de Grolman la réponse suivante écrite sur son propre billet :

« Le Ier corps au bivouac à Bierges ; — le IIe corps devant Wavre à Sainte-Anne ; — le IIIe corps à La Bavette ; — le IVe à Dion-le-Mont ; — les bouches à feu à réparer sur Maëstricht. »

« Il résulte de là, conclut Lettow, la preuve certaine que la résolution, décisive pour toute la campagne, et digne d’une reconnaissance éternelle, de rassembler l’armée entière à Wavre et de renoncer à la ligne de retraite vers le Pays, a été prise, non pas dans la soirée du 16 juin, par Gneisenau seul, mais seulement dans la nuit du 1 6 au 17, par le commandement de l’armée, — von dem Armee Commando, — et, par suite, avec la collaboration de Blücher... »

Dans la matinée du 17, après qu’on eut assuré la marche des corps d’armée sur Wavre, organisé les relations avec les arrière-gardes, envoyé un officier, M. de Massow, à Wellington, le quartier général prussien fut transporté à Wavre. Le maréchal Blücher remonta le cheval de uhlan, sur lequel on l’avait emporté du champ de bataille. Les troupes l’acclamèrent.

« La situation de l’armée[2] se présentait sous un jour moins que favorable dans cette matinée du 17 à Wavre. Le moral des troupes, devant lesquelles on était passé, ne paraissait pas brisé ; mais il y avait de grands vides dans les rangs. On estimait que

  1. Napoleons Untergang, p. 344.
  2. Ibid., p. 371.