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gisant sous son cheval, une mêlée furieuse de cavalerie ; les escadrons des deux partis, — il en était accouru 24 du côté prussien, — se poussant vivement, tantôt dans un sens, tantôt dans un autre. « Ce fut un grand bonheur pour la Prusse[1], et l’on peut ajouter pour les alliés, que les vagues de ce combat n’aient pas atteint Blücher, et que les cavaliers ennemis, en poussant en avant, n’aient reconnu ni le maréchal, ni son fidèle aide de camp Nostitz. Il appartint au major von der Busch de réussir, avec quelques-uns de ses cavaliers de landwehr, à s’avancer jusqu’au maréchal, à le faire hisser sur un cheval de troupe et à l’emmener loin du danger.

« La brèche faite dans le centre de l’armée prussienne à Ligny n’eut pas toutes les suites que Napoléon espérait et qu’il croyait même avoir atteintes, parce que du côté prussien on réussit à conserver Brye, la hauteur cotée 160 à l’Est, et Sombreffe.

« Immédiatement après la perte de Ligny, Grolman (général major von Grolman, de l’état-major général de l’armée prussienne) avait senti qu’il importait par-dessus tout d’assurer la retraite de l’armée. Il courut à Brye, et demanda au commandant du corps d’armée de rassembler ses troupes. Derrière le village, il trouva un bataillon de landwehr, et lui fit occuper la hauteur 160, où immédiatement ce bataillon fut amené à repousser des attaques de cavalerie française. Puis Grolman conduisit deux autres bataillons sur la hauteur, où, plus tard, arrivèrent encore deux régimens de cavalerie. Le général von Jagow prit le commandement de ces troupes, et d’autres encore qui le rallièrent, et réussit à arrêter les progrès des Français. »

D’autre part, Sombreffe fut occupé par la 12e brigade qui sut aussi résister aux entreprises du vainqueur.

« Mais par-dessus tout[2], il importait de prendre une décision au sujet de la direction de la retraite. En l’absence du maréchal Blücher qui n’avait pas pu être retrouvé, cette grave mission, ajoute Lettow, incombait au major général Gneisenau en raison de son rang d’ancienneté. »

Bien des versions ont été données au sujet de la manière dont fut prise cette décision qui a eu, en effet, une importance considérable sur la suite des, événemens. « Ce fut le moment

  1. Napoleons Untergang, p. 336.
  2. Ibid., p. 238.