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ou même à se retirer. li lui aurait envoyé deux fois le colonel de Forbin-Janson avec l’ordre de s’emparer dans tous les cas de Quatre-Bras. La chose paraît démontrée au colonel Stoffel par un écrit de Forbin de 1817. Quant à la question de savoir qui a apporté l’ordre à d’Erlon, je ne m’en suis pas occupé, ajoute Lettow dans une note ; d’après Stoffel, ce fut d’abord Labédoyère par ordre de l’Empereur ; puis un quart d’heure après, par ordre de Soult, le colonel Laurent, qui devait communiquer ensuite le même ordre à Ney. Bientôt après, on fit partir Forbin. »

La version de M. Henry Houssaye diffère notablement de celle du général von Lettow : après avoir fait envoyer, vers 3 heures un quart, par Soult, son second ordre à Ney pour lui prescrire d’intervenir sur les derrières des Prussiens, « l’Empereur pensa[1] que pour contenir les Anglais il suffirait à Ney du seul corps de Reille, et que, pour tourner la droite de Blücher il suffirait du seul corps de d’Erlon. Il résolut de faire exécuter par ce général le mouvement prescrit précédemment à Ney et dont il attendait de si grands résultats. Il n’y avait point un instant à perdre. Il envoya directement au comte d’Erlon l’ordre de se porter avec son corps d’armée en arrière de la droite de l’armée prussienne. Le colonel de Forbin-Janson, chargé de lui transmettre cet ordre, devait aussi le communiquer à Ney..

« Entre quatre heures et quatre heures et quart[2], la moitié de sa colonne avait dépassé la voie romaine, quand d’Erlon fut rejoint par le colonel de Forbin-Janson de l’état-major impérial... Il portait un ordre de l’Empereur prescrivant au comte d’Erlon de diriger le Ier corps sur les hauteurs de Saint-Amand pour fondre sur Ligny. Ardent à seconder les vues de l’Empereur, le général d’Erlon ordonna aussitôt de faire tête de colonne à droite. Malheureusement, il avait mal lu cet ordre griffonné au crayon, et que Forbin-Janson, officier de faveur, n’ayant aucune idée des combinaisons de la guerre, ne put lui expliquer. L’ordre portait : sur la hauteur de Saint-Amand, d’Erlon avait lu ou compris : à la hauteur de Saint-Amand. En conséquence, au lieu de prendre la direction Brye-Ligny pour attaquer les Prussiens à revers, il prit la direction Saint-Amand Fleurus, de façon à prolonger la gauche de l’Empereur...

  1. 1815. Waterloo, p. 162.
  2. Ibid., p. 200 à 204.