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Le 16 juin, pendant que Ney doit occuper Quatre-Bras, Napoléon marche avec sa Garde sur Fleurus, pour prendre lui-même le commandement de l’aile droite, et pour attaquer les corps prussiens de Blücher, signalés autour de Sombreffe. La bataille de Ligny a lieu ; elle est décidée ‘un peu avant la nuit par une attaque centrale poussée énergiquement, sur les ordres de l’Empereur, par le corps Gérard, une partie de la Garde et les cuirassiers de Milhaud. La victoire aurait été plus complète si le corps d’Erlon, détourné de l’aile de Ney par ordre de l’Empereur, était intervenu sur la droite et les derrières des Prussiens. Au lieu de remplir ce rôle décisif, le corps d’Erlon oscilla, inutile, entre l’armée de l’Empereur et les troupes de Ney.

Moins désorganisés que ne le croit Napoléon, et très énergiquement commandés, les Prussiens se retirent dans la nuit du 16 et la journée du 17, vers le nord, sur Wavre, pour pouvoir coopérer avec les Anglais. Wellington se décide dans la matinée du 17 à abandonner Quatre-Bras, qu’il a défendue la veille contre les attaques de Ney, et à faire tête à Napoléon, avec l’aide des Prussiens, plus au nord, près de Waterloo.

Le 17, vers onze heures du matin, l’Empereur fait poursuivre les Prussiens par l’aile du maréchal de Grouchy ; avec sa réserve il se porte sur l’aile de Ney pour tomber sur les Anglais. Il ne les trouve plus à Quatre-Bras, les suit et fait bivouaquer son armée vis-à-vis de leurs nouvelles positions, au sud de Waterloo.

Le lendemain 18, il les attaque. La bataille débute vers onze heures et demie du matin, sur notre gauche ; puis elle se poursuit au centre, et à droite par des assauts, préparés par l’artillerie et poussés énergiquement par l’infanterie et la cavalerie entraînées par le vaillant, par l’héroïque maréchal Ney ; mais sans idée d’ensemble, sans que les armes se soutiennent suffisamment les unes les autres.

Pendant ce temps, les Prussiens interviennent, menaçant notre aile droite et nos derrières. Leur arrivée est signalée à Napoléon, dès une heure et demie. Elle le force à engager, de ce côté, la plus grande partie de sa réserve, et l’empêche de disV poser de forces suffisantes pour enfoncer, comme il était en droit de l’espérer, le centre et la droite des Anglais.

Vers huit heures du soir, les efforts surhumains de nos