Mais le livre bientôt qui pèse entre mes mains
Me rappelle à sa page ;
Sur son charme sonore, odorant et vin
Je penche mon visage :
Car tantôt l’Ode en feu bat de son vol pourpré
Le ciel qu’il illumine,
Tandis que l’on entend la Muse au pas sacré
Qui monte la colline ;
Tantôt l’Hymne en chantant lève son rameau d’or,
Et l’Églogue alternée
Cueille l’humide jonc dont sa tête est encor
Doublement couronnée ;
À moins que l’Épigramme avec le Madrigal
Et la Chanson qui danse
Ne mêlent aux échos du Bocage Royal
Leurs diverses cadences ;
Mais partout, ô Ronsard, ton livre est tour à tour,
En ses strophes écloses
Aux rayons de la gloire, aux flammes de l’amour,
Plein de pourpre et de roses.
Les Muses, les Héros, les Amans et les Dieux
Y parlent aux mortelles
Dont le regard salue en la hauteur des cieux
L’astre qui les fit belles ;
Tu nous dis le cortège aux Indes parvenu
Sous le pampre et la grappe,
Le Satyre et le Faune également cornus
À qui la Nymphe échappe,
Le noir bouc dont le sang rougit le vert gazon
Que l’Avril renouvelle.
Le temps de chaque fruit et de chaque saison
Et la terre éternelle.
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