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LE GUETTEUR (jouant de la trompe et faisant sa ronde).


Hu et hu et hu et hu !
Je l’ai veü (a)
La jus soz la coudroie.
Hu et hu et hu et hu !
A bien près l’ocirroie (b).

II


LE COMPAGNON (au guetteur).


D’un douz lai d’amor
De Blancheflor,
Compainz, vos chanteroie,
Ne fust la poor
Del traïtor
Cui je redoteroie.

LE GUETTEUR.


Hu et hu et hu et hu !
Je l’ai veü
La jus soz la coudroie.
Hu et hu et hu et hu !
A bien près l’ocirroie.

III


LE COMPAGNON (rassuré sur les dangers que court son ami, au guetteur, l’invitant à se reposer).


Compainz, en error
Sui (c), qu’a c’est tor (d)
Volenliers dormiroie.
N’aient pas paor :
Voist a loisor
Qui aler vuet par voie !

LE GUETTEUR (rassuré, lui aussi, et prêt à se reposer).


Hu et hu et hu et hu !
Or soit teü,
Compainz, a c’este voie !
Hu et hu ! Bien ai seü
Que nos en avrons joie (e).

(a) Qui a-t-il vu ? L’ennemi, mari ou rival, le « traïtor » qui pourrat, troublé l’amoureux, et dont on redoute la venue. — (b) J’ai bien envie de l’occire. — (c) Cette expression m’est obscure. — (d) « A c’est tor » est une expression technique de la langue de la danse, ce qui apporte quelque appui à notre hypothèse. — (e) Je le savais bien, que l’aventure tournerait à notre joie.