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pour qu’elles aient servi à accompagner la danse. Mais la pièce de Baude représente, à notre avis, une danse « stylisée, » un spectacle organisé plutôt qu’un divertissement que des gens du monde se donnent à eux-mêmes, et le chœur pouvait y jouer un rôle musical plutôt que chorégraphique.

Toute la pièce se lirait ainsi :

I

Le chœur : Main se leva la bien faîte Aelis.
Elle : « Vous ne savés que li loursegnols dist ?
Il dist c’amours par faus amans perist. »
Le chœur : Voir se dist li lousegnols,
Mais je di que cil est fols
Qui de boene amor se veut partir.
Fine amors loiaus
Est boene a maintenir.
Loial amor ai trovee ;
Ne m’en partira riens nee (a).
Elle : « Et pour çou que j’ai bone amor
Keudrai (b) la violete au jor
Soz la raime.
Bien doit quellir violete
Qui par amors aime. »

II


<poem>Le chœur : Bel se para et plus bel se vesti.
Lui : « Vos avés bien le rousegnol oï :
Se bien n’amés, amors avés traï. »
Le chœur : Mal ait qui le trahira !
Ki les dous maus sentira
Bien li ert guerredoné (c).
Nus ne sent les maus, s’il n’aime,
U s’il n’a amé.
Je le sent,
La dolour sovent !
Lui : « Et pour çou que j’ai bien amé.
Amie ai a ma volenté,
Bele et jointe (d) ;
Amors ai a ma volenté,
Si m’en tien cointe. »

(a) Nulle chose au monde ne m’en séparera. — (b) Je cueillerai. — (c) En recevra bonne récompense. — (d) Gracieuse.