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admettre en toute certitude les renseignemens tirés de documens appartenant à des particuliers. Même pour la correspondance de Napoléon, ajoute-t-il, je suis arrivé à d’autres conclusions que l’historien français. »

Nous n’essaierons pas de défendre l’œuvre de M. Henry Houssaye. Elle n’en a pas besoin. Tout récemment, dans la Revue des Deux Mondes, M. René Doumic a apprécié dans leur ensemble les qualités du livre sur 1814, et des trois volumes sur 1815. Il a désigné « la place qu’il est juste de faire à l’un des ouvrages les plus brillans et les plus solides qu’il y ait dans la littérature historique de notre temps. » Avant lui, M. F. Brunetière avait écrit : « Le Waterloo de M. Henry Houssaye ne résume pas les autres ; il les anéantit. » La presse entière, tous nos écrivains ont applaudi à l’apparition successive des volumes de cet ouvrage, qu’ils ont salué comme un chef-d’œu\Te.

Il est vrai que, tout en étant grave, impartiale, l’histoire de M. Henry Houssaye a su rester essentiellement française ; et cela ne nous empêche pas de l’aimer, au contraire ! Son 1815 n’est pas seulement une relation exacte des faits, établie sur de longues et persévérantes recherches, sur des documens authentiques, sévèrement contrôlés, bien choisis ; une analyse judicieuse des caractères des acteurs de cette tragédie, de leurs sentimens, des influences, des circonstances de toute nature qui ont amené les décisions prises comme les événemens ; une critique impartiale de ces décisions… C’est aussi une œuvre d’art par la mise en relief des efforts surhumains de cette dernière armée impériale, si vaillante, si héroïque ; par les descriptions de ces actes de bravoure, de ces assauts, de ces charges furieuses, qui saisissent l’esprit et forment des tableaux lumineux, inoubliables. C’est une œuvre d’art par le talent avec lequel M. Henry Houssaye a réussi à faire planer la figure de l’Empereur dans une auréole de calme, de dignité, de grandeur, au-dessus de ces événemens si dramatiques, si troublans. Son histoire magistrale de 1815 est bien celle qui convenait à la chute de Napoléon ; à la disparition du maître de la guerre, dans une catastrophe tragique, glorieuse quand même, et qui s’imposera éternellement à l’étonnement, à l’attention des hommes.

Peut-être que le temps et l’influence de nouvelles publications sérieuses, comme le Napoleons Untergang, pourront y occasionner