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« Douce dame, volez baron (a) ?
Naie ; se ne l’ai très bon, j’averoie damage.
J’aim mieus mon chapelet de flors que mauvais mariage.
— Très douce dame, il est trovez,
Si fait com vos le demandez.
— Biaus sire, et car le m’amenez
La jus en cel boschaige.
Je m’en vois, vos m’i troverez,
Séante sor l’erbaige. »


Vers le bocage imaginaire elle va, dansante :


Ses mains au lés (b), arrière torne ;
Bien se polist et bien s’atorne,
Le petit pas cort en dansant.
De fois en autre va pensant,
Ainsi comme d’amors esprise ;
Son chapel met en mainte guise.


Tandis qu’elle prend ces poses, le ménestrel choisit parmi les spectateurs un chevalier, Andreu d’Amance, et le requiert d’aller chercher la belle au bocage. Le jeune seigneur s’excuse d’abord, mais suit bientôt le ménestrel vers la dame,


Qui son chapel torne et demaine,
Et en riant de cuer chanta :
« Dieus ! trop demeure ; quant vendra ?
Sa demouree m’ocira. »


Elle voit le galant, l’accepte, le prend par la main. Et lui.


Chantant la maine a mout grant joie :
« La merci Deu, j’ai ataint ce que je voloie. »


Ce récit est intéressant à plus d’un titre. D’abord il confirme notre thèse que certaines danses étaient des scénettes mimées par deux ou trois danseurs, et nous pouvons considérer comme appartenant en propre à ce « jeu du chapelet » certains refrains comme celui-ci :


<poem>De capelet de pervenche, Novelet ami ferai[1],

(a) Voulez-vous un mari ? — (b) Ses mains sur les hanches.

  1. Renart le Novel, IV, p. 408.