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cherchent s’il en est parmi eux qui sachent « faire ces jeux. » désignés par des noms spéciaux, obscurs pour nous. Ils cherchent


Qui set faire le Beguignaige,
L’Ermite, le Pelerinaige,
Le Provencel, le Robardel,
Berenglier ou ( ? ) le Chapelet.


Ce sont donc six ou sept danses figurées qui portaient chacune un nom[1], et le poète va décrire l’une d’elles, le jeu du Chapelet. On apprend en effet qu’une dame de la compagnie, la dame de Lucembour, sait faire cette danse, et quatre chevaliers vont lui demander de la danser. Elle ne se fait pas prier. Alors les quatre chevaliers « . Font amont drecie et par les costez embracie, » et la promènent par la salle comme pour la présenter aux assistans. Puis ils la laissent seule, une couronne de fleurs dans les mains :


Elle fait un pas,
Le vis levé, les ieus en bas,
Chantant doucement et ainsi :
« Si n’a plus joliete de mi (a)... »
Ainsi passa deus pas avant,
Et a son tour li vint devant
Uns hora, ménestrels de viele.


« Pourquoi, lui demande ce ménestrel, restez-vous ainsi, jouant de votre chapelet de fleurs, seule, sans compaignon, sans ami ? »

Elle répond par cette chanson :


« Sire, qu’en afiert il a vos ? (b) Ne vos voi pas bien sage.
J’ai fait mon chapelet joli f, la jus en cel boschage. »
Quant ele ot son chanter fine,
Deus pas avant a cheminé ;
Au tiers a fait le tour du pié.


Puis elle balance sa guirlande, la pose sur son chef, l’en retire, l’y remet encore, et dialogue ainsi avec le ménestrel :

(a) Il n’y a plus joyeuse que moi. — (b) Que vous importe ?

  1. Comparez Bartsch, Romances et pastourelles, II, 41 :
    Grant joio moinnont li danzel :
    Gautier fait le muel,
    Et Jaket le pèlerin
    Et Gui le roubardel.
    Et Baudouin fait l’anfle.