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la carole ordinaire, ce qui immobiliserait leurs bras, mais que, comme le dit joliment l’auteur de Guillaume de Dole, « ils dansent et chantent des bras et des mains. » Certains fragmens nous invitent à imaginer non pas « deux groupes, » deux chœurs alternans, mais deux ou trois danseurs qui miment une scène. Voici, sauf erreur dans nos remarques et nos conjectures, les quelques scénarios de danses que l’on peut ainsi reconstituer.


I. — LE JEU DU « CHAPELET » DE FLEURS

Beaucoup de refrains ne peuvent guère s’interpréter que si l’on se représente une jeune fille, seule au milieu de la danse, qui appelle un galant, le provoque, le fuit, le rappelle encore.


Qui sui je dont ? Regardez moi I
Et ne me doit on bien amer ?
Je n’ai pas amoretes a mon voloir,
Si en sui mains jolie (a)[1].


Du milieu des danseurs le galant s’écrie :


Je prendrai l’oiselet tôt en volant[2].


ou :


La rose m’est donee
Et je la prenderai[3].



Elle répond :


<poem>J’ai bone amorete trovee.
Or viegne avant cil qui le claime !
Le chœur : Ensi doit aler fins cuers qui bien aime[4] !


Mais elle échappe, se refuse, et l’oaristys se dessine :


<poem>Que demandez vos, Quant vos m’avez ? Que demandez vos ? Dont ne m’avez vos ? — Ge ne demant rien, Se vos m’amez bien[5]

(a) Moins gaie.

  1. La chastelaine de Saint-Gilles, dans le Recueil général des fabliaux, publié par A. de Montaiglon et G. Raynaud, t. I, V. 131.
  2. Ibid., V. 78.
  3. Histoire littéraire de la France, t. XXIII, p. 231.
  4. La chastelaine de Saint-Gilles, V. 190.
  5. Guillaume de Dole, V. 5092.