Jadis on dansait aux chansons. Dès le haut moyen âge, sans
doute ; mais les fragmens de chansons de danse qui nous sont
parvenus ne remontent qu’au XIIIe siècle. Ce sont des textes très
courts et singulièrement dispersés : on les recueille soit en des
romans aristocratiques, tels que Guillaume de Dole ou La Violette, qui décrivent des fêtes seigneuriales, soit en des chansons,
motets et pastourelles, où ils ont été enchâssés en manière de
refrains. M. Alfred Jeanroy a su réunir le corpus de ces brefs
documens et les interpréter avec une extrême ingéniosité. Grâce
à ses belles recherches et à celles de Gaston Paris, on peut se
représenter ce qu’étaient ces danses, du moins la principale
l’entre elles, la carole.
La carde est une chaîne, ouverte ou fermée, de danseurs et de danseuses, qui se meuvent au son des voix ; plus rarement, au son des instrumens. La danse consiste, à l’ordinaire, en une alternance de trois pas faits en mesure vers la gauche et de mouvemens balancés sur place ; un vers ou deux remplissent le temps pendant lequel on fait les trois pas, et un refrain occupe les temps consacrés au mouvement balancé. Cette sorte de branle est conduit par un coryphée (celui ou celle qui chante avant), et les paroles chantées se distribuent entre lui et les autres danseurs. Comme ces danses n’étaient pas exécutées par des professionnels, mais, par des mondains, on ne pouvait compter qu’ils sauraient tous d’avance, et d’un bout à l’autre, les couplets de la chanson de carole ; de là ce principe très simple que