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L’ÉGOTISME PATHOLOGIQUE
CHEZ STENDHAL

I
LES ANOMALIES DE LA RAISON ET DE LA VOLONTÉ

Les publications qui s’accumulent chaque jour sur le rayon stendhalien de nos bibliothèques montrent l’opinion lettrée toujours attentive au personnage énigmatique, attirant et irritant tout à la fois, qui suscite cette infatigable exégèse. Il suffit de parcourir les charmantes Soirées du Stendhal Club, de M. Stryienski[1], ou les pages si nourries du manuel excellent dont vient de nous doter M. A. Paupe[2], pour mesurer commodément du regard le chemin parcouru par la renommée d’Henri Beyle durant le demi-siècle qui nous sépare de ses funérailles quasi anonymes. On dit encore que son monument, modelé par la main puissante du maître Rodin, va s’élever prochainement dans quelque square parisien. Admirons-le donc pour son influence persistante sur la pensée contemporaine ; mais puisque le « beylisme » prétend édifier une théorie morale autant et plus encore qu’une thèse esthétique, examinons aussi quelle doit être la nuance de notre admiration, et jusqu’à quel point cette admiration doit nous entraîner à l’imitation.

  1. Paris, 1904.
  2. Histoire des œuvres de Stendhal. Paris, Dujarric, 1904. Rappelons les beaux travaux de MM. Stryienski, de Nion, Chuquet, Bourdeau, de Mitty, ttc, pour ne parler que des plus récens.