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lerie) : « Les éclaireurs seront des voltigeurs à cheval montés sur des chevaux aussi petits que possible. Ils fourniront les ordonnances (escortes) aux officiers supérieurs et généraux de leurs divisions, escorteront les prisonniers et les bagages, fourniront les postes de correspondance. » Nous devons donc créer, dans chaque corps d’infanterie, une compagnie d’infanterie montée. Il est facile de trouver 25 000 à 30 000 chevaux de petite taille qui actuellement ne sont pas pris par la réquisition. Ces compagnies ne seront formées qu’au moment de la mobilisation, sauf dans les corps de couverture où elles existeraient en tous temps. Il suffirait d’entretenir, dans les autres corps d’infanterie, le harnachement nécessaire. Tous les cultivateurs sont en état de monter ces chevaux sans instruction préalable. Les compagnies montées du Sud-Oranais sont là pour en donner la preuve. Quatre pelotons de 25 hommes, dont deux caporaux et un sous-officier, soit 100 hommes par régiment, seraient suffisans. On aurait ainsi un peloton par bataillon et un peloton pour l’état-major. Chaque régiment ayant toujours avec lui ses éclaireurs, le service en campagne en serait on ne peut plus facilité.

L’artillerie doit actuellement envisager deux points essentiels : d’abord, constituer de très grands approvisionnemens en munitions, ensuite, construire une artillerie de gros calibre dont les batteries seront affectées aux corps d’armée. Si, dans un dessein spécial, le général commandant l’armée veut les réunir en masses, rien ne l’empêche de le faire. Mais, en principe, cette artillerie doit être un organe de corps d’armée. Vu l’extension des travaux de campagne, elle trouvera constamment son emploi dans la bataille.

Le tir indirect étant la règle, les batteries doivent être pourvues du matériel téléphonique et de signaux permettant au commandant, éloigné la plupart du temps de ses pièces, de se maintenir en communication constante avec elles. Le transport des munitions, depuis les échelons jusqu’aux pièces, doit être l’objet d’études spéciales. Dans la plupart des cas, le canon devra être mis en batterie entre ses deux caissons, la surface abritée en sera plus grande et le nombre de cartouches sous la main permettra d’attendre, pour ravitailler, les accalmies du tir de l’ennemi.

Les attaques de nuit vont être d’un usage constant. Le tir échelonné permettra souvent d’y faire participer l’artillerie, si elle dispose d’un nombre suffisant de projecteurs électriques.