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régiment de former des éclaireurs, de les breveter, de désigner les meilleurs d’entre eux pour former, lors de la mobilisation, les groupes affectés aux états-majors de corps d’armée et d’armée. Il faudra leur donner le grade de sous-officier, les rengager, les monter avec les chevaux les plus résistans et les plus francs des escadrons. Ceux-ci recevront chaque année le nombre de pur sang nécessaires. Le service plus simple de la prise de contact peut être exécuté par les patrouilles ordinaires. Chaque escadron doit être pourvu de deux mitrailleuses du modèle de la cavalerie danoise. L’artillerie des divisions comprendra deux batteries de canons automatiques de 37 millimètres, actuellement connus sous le nom de « pom-poms » et une batterie d’obusiers de gros calibre que leur démontage en plusieurs parties permet de rendre aussi mobile que le plus léger canon de cavalerie.

Cette organisation permettra de percer les rideaux et de donner les coups de sonde profonds, qui peuvent seuls renseigner utilement le commandement.

En ce qui concerne son rôle tactique, nous devons maintenant considérer la cavalerie comme l’arme qui permet au commandement supérieur de porter à l’endroit voulu, avec le maximum de rapidité, les fusils, canons et mitrailleuses nécessaires pour produire l’événement ou parer à l’éventualité. Grâce à leur vitesse de déplacement, les masses de cavalerie joueront dans les batailles futures un rôle prépondérant. Elles formeront les réserves que le général aura sous la main et avec lesquelles il produira les surprises tactiques. Avec les fronts énormes des batailles actuelles, aucune autre arme ne peut arriver à temps et produire cet effet. Par son feu éclatant soudainement sur un point imprévu, elle changera la retraite en déroute ; alors à cheval, sabre en main, elle récoltera plus de trophées qu’elle n’en a jamais conquis.

Loin d’être diminué, son rôle prend donc une importance capitale. Pour le remplir, elle doit être nombreuse. Par conséquent, il importe de ne pas la disséminer dans des besognes accessoires, telles que les services d’escorte, d’estafette, de sécurité rapprochée. La cavalerie divisionnaire, les escadrons de réserve doivent être rendus à l’ensemble de leur arme. Il convient d’appliquer sans retard l’organisation recommandée par Napoléon, dans ses notes sur l’art de la guerre (3e note, Cava-