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Les temps sont venus où les méthodes de guerre doivent être changées. Il faut que dans le combat à pied, la cavalerie soit résolue à balayer l’adversaire, comme à cheval elle sut le faire, dans ses fringantes chevauchées d’autrefois.

Tout d’abord les subdivisions d’armes : cuirassiers, hussards, chasseurs, etc., doivent se fondre en une seule cavalerie. Les régimens ne différeront les uns des autres que par la nature de leurs chevaux qui doivent être de même pied. L’uniforme sera le même pour tous. Le feutre à larges bords de l’armée américaine, abritant de la pluie comme du soleil et permettant le tir couché. La vareuse à col rabattu, culotte large, brodequins et jambières permettant la marche dans les terres labourées. A la place du manteau, le puncho du cavalier mexicain en laine imperméable. Il couvre l’homme, se plie sur le devant de la selle et se déplie sans difficulté. Comme armement, le fusil d’infanterie, avec la baïonnette fixée le long du fourreau du sabre attaché à droite de la selle. À ce sujet il est utile de rappeler que le fusil d’infanterie a été donné à toute la cavalerie anglaise ; elle sait maintenant qu’elle doit dans le combat se comporter comme l’infanterie. La manière dont le fusil est porté est commode et ne fatigue pas le cavalier comme notre carabine. La crosse repose dans une sorte de seau en cuir suspendu à la selle à gauche. Les points d’attache de la bretelle très lâche sont tels que le bout du fusil ne dépasse pas le niveau de l’épaule. La boucle supérieure est fixée à l’embouchoir. Dans les sauts, le cavalier ne ressent aucune secousse. Un autre système de suspension, celui du capitaine Anderson, vient d’être adopté dans toute l’armée des Indes. Il est encore plus simple. Un ressort doublé de cuir, en forme de croissant, est suspendu à la selle à gauche. Lorsque le cavalier monte à cheval, la poignée du fusil vient se placer devant ce ressort. En appuyant sur la poignée, les deux branches du croissant l’embrassent à la sous-garde. Le poids de l’arme est alors porté par le ressort. Le cavalier peut tomber à droite comme à gauche, l’arme se dégage toute seule et il ne risque pas d’être traîné.

Mais revenons aux conditions générales de l’emploi de la cavalerie. Nous savons que le service d’éclaireurs ne peut être utilement fait que par des spécialistes. Il exige des qualités d’énergie, de sang-froid, d’endurance, de vue, qui ne se réalisent que par des choix exercés dans une élite. Il appartient à chaque