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côté de manière que les fractions qui attaquent soient accueillies par les feux rapides des troupes en arrière. Cette manière de faire a été confirmée, comme on le sait, par la neutralisation de l’attaque du 11e régiment de tirailleurs de Sibérie Orientale dans le combat de Kioulentchen. »

Dans l’attaque, le fantassin japonais n’a pas de sac. Il porte le fusil, cartouches, bidon, pelle-bêche, vivres, la toile tente-abri en bandoulière de gauche à droite.

Voici les principes généraux de l’attaque. Le terrain ayant été reconnu de jour par des éclaireurs peu nombreux, la marche d’approche s’exécute de nuit. A la fin de la nuit, les tranchées sont creusées, les troupes s’y abritent ayant en avant d’elles des tirailleurs qui se sont également creusé des abris. La marche est reprise dans la nuit suivante. Les troupes de deuxième ligne viennent occuper les tranchées abandonnées par les précédentes, et ainsi de suite. Sous la protection des batteries, la ligne de combat arrive ainsi à petite distance. Le feu n’est employé qu’à courte portée. La ligne avancée est peu à peu renforcée à son maximum. Alors l’attaque se produit, généralement de nuit, par une marche exécutée autant que possible sans arrêt.

Un ancien officier français qui venait de faire la guerre pendant plus d’un an, comme volontaire dans un commando boer, et devenu par dilettantisme correspondant de guerre à l’armée du général Okou, a suivi sur la ligne de feu un des plus sanglans épisodes de la bataille de Liao-Yang. Son récit donne une idée nette de la tactique employée. « Dans la nuit du 28 au 29 août, les Japonais se rapprochent des positions russes. Le 29, la marche fut suspendue pendant la journée et ne reprit qu’à la nuit tombante. Les 3e et 5e divisions avaient reçu l’ordre de s’emparer des lignes de Chiouchanpou, à 5 kilomètres au Sud-Ouest de Lyao-Yang. Elles disposaient de 20 000 hommes d’infanterie, 36 pièces de montagne et 36 obusiers de campagne, soit 108 pièces. Le 30 avant le lever du jour, le 1er bataillon du 41e régiment d’infanterie, appuyé par le reste du régiment, se porte contre les tranchées qui garnissaient un piton situé à l’extrême gauche des Russes et les enlève à la baïonnette après un sanglant combat. La 3e division, de son côté, avait commencé sa marche d’approche pendant la nuit. Les fantassins s’avançaient sur plusieurs lignes déployées, échelonnées en profondeur. La direction était à gauche, les lignes successives devaient