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Le 15 juin, à la bataille de Télitzé (Vafangou) l’aile droite japonaise, vigoureusement attaquée et débordée par des forces considérables, était compromise. Quoique renforcée à deux reprises, elle était sur le point de succomber, lorsqu’un fort détachement de cavalerie réussit à tourner le flanc gauche des Russes et à l’attaquer à revers. Les Russes furent ainsi arrêtés ; les Japonais profitèrent du répit : ainsi leur cavalerie décida de la victoire. A Moukden, ils ont formé un corps de cavalerie sous le commandement du général Akiyama. Il a 40 escadrons, 12 mitrailleuses, une batterie à cheval et 1 000 fantassins. Il débouche du Hunbo le 26 février ; le 1er mars, il est à Sinminting, à 60 kilomètres au Nord, formant l’échelon avancé de gauche de l’armée de Nogi, puis il se rabat sur le Nord de Moukden en débordant constamment la droite russe qui résiste au mouvement enveloppant. Une brigade du 16e corps, tirée de la réserve générale à Moukden et envoyée au garde-flanc est sur le point de périr. Elle s’est battue enveloppée, ayant été attaquée de front par l’infanterie de Nogi et à revers par la cavalerie. Elle ne put rejoindre l’armée que le 5 mars. Le 9 mars, la cavalerie japonaise parvient à couper le chemin de fer entre Moukden et Tiéling, elle harcèle sans arrêt les Russes en retraite et s’empare de grandes quantités de matériel. Nous avons vu précédemment que la déroute survenue à la droite russe avait été produite par l’action d’une force de cavalerie, qui avec l’artillerie s’est jetée entre les armées de Bilderling et de Kaulbars.

La cavalerie japonaise, malgré son infériorité numérique, a donné, grâce à son emploi rationnel, ce qu’on pouvait en attendre.

Les progrès de l’artillerie avaient fait penser que son rôle dans la bataille serait décisif. Il n’en est rien. Son rôle n’est qu’important. La puissance de destruction des nouvelles pièces sur des troupes à découvert a produit cet effet immédiat, qu’elles se sont dérobées à la vue avec un soin extrême, ont remué de la terre aussi bien dans l’attaque que dans la défense et presque constamment ont manœuvré pendant la nuit. Dès les premiers engagemens, ces nécessités se sont imposées avec une telle force que les procédés de combat de toutes les armes ont été aussitôt modifiés. Rappelons d’abord la composition de l’artillerie des deux partis.