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être, c’est-à-dire un désaveu officiel. Tout autre ministre des Affaires étrangères en aurait fait autant à sa place, même le successeur de M. Tittoni, le marquis de San Giuliano, qui ne passe pourtant pas pour avoir des tendances très austrophiles. Les rapports n’en deviendront pas plus faciles entre Rome et Vienne ; mais nous n’avons aucune raison de croire qu’ils seront en quoi que ce soit modifiés entre Rome et Paris. La politique qu’a suivie M. Tittoni à notre égard a eu l’approbation du pays, qui a cru avec raison pouvoir concilier la fidélité à la Triple-Alliance avec l’amitié envers la France. Nous n’avons jamais rien demandé à l’Italie qui fût contraire à ses intérêts.

Comment n’éprouverions-nous pas toutefois quelque tristesse à voir successivement disparaître tous les ministres des Affaires étrangères avec lesquels nous avons négocié et signé les arrangemens sur lesquels repose aujourd’hui notre politique ? M. Villa-Urrutia est tombé le premier en Espagne avec le ministère conservateur dont il faisait partie, et naturellement il n’a pas pu entrer dans le ministère libéral qui s’est formé ensuite. De même, en Angleterre, lord Lansdowne est tombé avec ses amis. Mais, en Italie, il est plus difficile de comprendre pourquoi MM. Fortis et Tittoni ne sont pas partis ou restés ensemble. D’autres détails ont surpris dans la formation du nouveau ministère, par exemple le retour aux Travaux publics de M. Tedesco, qui les avait quittés parce qu’il était adversaire du rachat des chemins de fer, et qui y revient pour le réaliser, non sans avoir fortement attaqué dans l’intervalle M. Carcano et M. Fortis lui-même, qui restent ministres avec lui. On se demande si le ministère sera beaucoup plus fort le lendemain que la veille de cette crise, qui a été peut-être mal dénouée.


FRANCIS CHARMES.


Le Directeur-Gérant,

F. BRUNETIERE.