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l’organisation de ce service. Alors ces communes se découragèrent ; de 1889 à 1893, plus de 3 000 caisses périclitèrent ; et bien que le nombre des caisses des écoles, qui était en 1897 de 16 938, s’élevât en 1902 à 17 439, M. Cazes, inspecteur général de l’Instruction publique, s’attriste encore en 1904 sur le malaise de ces institutions. Légalement, elles demeurent obligatoires ; en fait, dans plus de cinquante localités sur 100, et surtout dans les villages indigens où elles seraient appelées à rendre des services, l’absence de toute caisse des écoles marque une première violation de la loi.

L’article relatif aux commissions scolaires a rencontré les mêmes dédains et subi les mêmes entorses. L’Etat insista, mais cela ne servit de rien : lorsqu’en 1901 une circulaire ministérielle nouvelle ordonna que ces commissions fussent réorganisées et que les préfets avisassent à leur convocation régulière, on se heurta tout de suite, dans un certain nombre de localités, à l’indolence du maire, qui de par la loi les préside, et qui négligea de les réunir. Avec un zèle qui brave les échecs, les congrès de la Ligue de l’Enseignement s’essaient encore à réveiller ces torpeurs rétives ; mais le bilan qu’ils dressent de l’action des commissions scolaires est assez décourageant. Aux côtés du maire, quelques conseillers municipaux formaient le plus souvent ces commissions ; pouvait-on leur demander de compromettre leur réélection en importunant tel père de famille rebelle, en allant même jusqu’à le châtier ? Le droit de punir, qui leur était reconnu par la loi, était pour eux une gêne, presque une paralysie : dans le village, où rapidement les haines s’éveillent, les commissions scolaires ont eu peur de leurs prérogatives, elles avaient trop de pouvoirs pour oser se permettre d’exister ; elles sont retombées dans le néant.

« Les commissions scolaires, explique M. Bruneau, inspecteur d’académie à Guéret, ne subsistent dans aucune commune du département de la Creuse ; dans les autres départemens, elles ont disparu à peu près de partout, sauf dans les grands centres. » L’Oise, dont presque toutes les communes possèdent des commissions scolaires actives, est une exception ; et M. Grandvilliers, au congrès amiénois de la Ligue de l’Enseignement, nous semble avoir eu raison de souhaiter que dans les localités de moins de 5 000 habitans cette institution fût franchement supprimée. Lorsque les mœurs donnent l’exemple d’une infraction