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suite recours au cuirassement. Le Dupuy de Lome, notre premier croiseur de combat, est un véritable cuirassé ; il est même, par l’étendue de la surface blindée, le plus cuirassé de tous les cuirassés construits depuis la grande série des frégates de Dupuy de Lomé ; il porte d’ailleurs un pont blindé à l’emplacement convenable pour la protection des parties vitales, avec, au-dessus de ce pont, une tranche cellulaire contenant le charbon. Après avoir combiné d’une manière si rationnelle la protection de l’ancienne Gloire et celle du Sfax, l’auteur du Dupuy de Lome n’aurait pas dû s’arrêter là ; on s’étonne vraiment qu’il n’ait pas proposé, pour le Masséna par exemple, l’amélioration du système de protection qui était plus particulièrement nécessaire aux cuirassés d’escadre.

Il est très digne de remarque que le modèle offert par le Dupuy de Lome, comme superposition des effets protecteurs de la cuirasse verticale et du pont blindé, n’est point ce qui attira l’attention sur ce navire. On a, au contraire, admiré l’accumulation des qualités de combattant et de croiseur réalisée avec un faible déplacement, accumulation plus apparente que réelle. Le Dupuy de Lome contient en effet de tout, mais trop peu de chaque élément. A l’artillerie, par exemple, il n’a été attribué qu’un poids égal au trentième du déplacement, 217 812 kilogrammes exactement, munitions comprises, et cette part, déjà faible, s’évanouit, si l’on considère que, dès le premier armement, les prévisions de poids ont été dépassées de 288 291 kilogrammes. Il aurait donc fallu débarquer l’artillerie, avec quelque chose en plus, pour mettre le navire dans ses lignes d’eau. Pour ce motif, le Dupuy de Lome n’a été reproduit, ni en France ni à l’étranger. On ne se contente plus aujourd’hui de satisfaire fidèlement au devis des poids ; on veut, avec raison, garder du disponible pour faire face au danger de la surcharge, si fatale aux bâtimens qui vieillissent.

Plusieurs petits cuirassés français, mis en chantier après le Dupuy de Lome, ont présenté la même disposition générale de protection, mais avec un cuirassement vertical limité à la tranche cellulaire et aux postes des canons. Leurs qualités, trop insuffisantes comme croiseurs, ont empêché de rendre justice à la perfection de leurs détails et à l’exactitude avec laquelle ils ont satisfait à leur devis. Ils ont souffert des erreurs de leur programme qui répondait à la vieille manie de construire, pour les stations