succès de la Conférence est assuré et les résultats de ses travaux seront excellens. Sur ce point, le discours du prince de Bülow du 7 décembre n’apporte encore aucune lumière. « Il va de soi, dit-il simplement, que nous continuerons à représenter et à défendre à cette Conférence ce que nous avons considéré jusqu’ici comme juste et équitable. » Si l’on se reporte au reste du discours, il n’y est question que de la « porte ouverte » et de la libre concurrence commerciale, que la France — elle en a donné assez souvent l’assurance pour qu’on puisse la croire, — n’a jamais menacée. Si au contraire l’Allemagne venait à s’opposer à ce qu’un mandat international soit confié à la France, l’échec de la Conférence serait certain, puisque toutes les décisions doivent y être prises à l’unanimité et qu’un seul veto suffit pour tout arrêter. C’est le régime de l’anarchie et de l’insécurité qui s’installerait au Maroc à son propre détriment, et pour le plus grand dommage du commerce international et, en particulier, du commerce allemand.
Pour nous, notre conduite à la Conférence et après la Conférence nous est tracée par les circonstances. A la Conférence, tout en maintenant fermement ce que nous considérons comme nos droits, les représentans de la France se prêteront à la conciliation et à l’entente ; ils se serviront de tous les « accords » que notre diplomatie a signés avec l’Italie, l’Angleterre, l’Espagne, et, plus récemment, avec l’Allemagne elle-même, pour travailler, au profit de la paix et de l’harmonie générales, à réduire toutes les intransigeances. Si la Conférence, se méprenant sur le rôle qui devrait être le sien, aboutissait à imposer au Maroc une sorte de régime international, nous n’aurions qu’à attendre que les trois ans, pendant lesquels ses résolutions seront applicables, aient démontré l’inefficacité certaine d’une pareille méthode ; nous nous appliquerions, avec une activité stimulée par les leçons de l’expérience, à développer nos intérêts et notre influence dans tout le Maroc et particulièrement à appliquer les accords de 1901 et de 1902 dans cette zone frontière où nos « intérêts spéciaux » ne sont pas contestés, et, forts de nos traités avec l’Angleterre, l’Espagne et l’Italie que rien ne saurait rendre caducs, prêts d’ailleurs à rechercher, avec l’Allemagne, dans une conversation nouvelle, les moyens pratiques de l’amener à nos vues, nous attendrions que les événemens et les circonstances de la politique générale nous offrent l’occasion de reprendre, au