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Enfin, il s’établirait dans l’Église, à côté de la hiérarchie canonique, une organisation de droit commun qui encadrerait fortement les prêtres de chaque diocèse en mettant entre eux des liens de solidarité. Cela ne pourrait certainement pas nuire aux sentimens de charité chrétienne qu’ils doivent avoir les uns pour les autres. Un jour viendra peut-être (et c’est là un rêve qu’il est permis de faire) où ces sociétés mutuelles diocésaines fondées en un assez grand nombre pourront établir entre elles une union. Ce jour-là, au lieu d’avoir recours à l’intermédiaire de la Caisse nationale des Retraites pour la vieillesse, pour le versement de pensions garanties, l’Union de ces sociétés pourra elle-même promettre et verser les pensions garanties. Le nombre des assurés et le chiffre des capitaux groupés lui permettront alors d’avoir elle-même ses barèmes, de posséder une autonomie complète et de donner à ses sociétaires des avantages égaux sinon supérieurs à ceux de la Caisse nationale. N’est-ce pas là l’un des buts les plus intéressans que puissent désirer atteindre des hommes qui ne doivent pas avoir seulement le souci de leur avenir, mais aussi le désir de rendre l’Eglise puissante, libre et sérieusement organisée en France ?

Nous ne voulons pas insister davantage sur ces points, ni rechercher les multiples combinaisons qui pourraient rayonner autour de ce foyer central, la Société de retraites mutuelles diocésaine. Qu’il nous soit permis toutefois d’espérer que les tentatives déjà faites se généraliseront sans attendre des événemens qui rendront peut-être difficile ou moins aisée une telle organisation.


Certaines personnes pourront objecter : « Mais la loi du 1er avril 1898 interdit les discussions politiques et religieuses, votre système ne sera-t-il pas illégal ? »

Il est vraiment puéril de réfuter de telles objections. La Société de retraites mutuelles diocésaine sera établie sur des principes laïques et inscrira dans ses statuts conformément à la loi, et comme toutes les sociétés de secours mutuels : « Les discussions politiques, religieuses ou étrangères au but de la mutualité sont interdites dans les séances du conseil et des assemblées de la Société. » Les sociétaires ne s’occuperont dans ces séances que d’intérêts matériels n’ayant aucun rapport avec le culte.

Nous répétons que dans le prêtre, il y a l’homme, le citoyen