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Le prêtre, d’autre part, trouverait dans ce système des certitudes et des garanties que d’autres combinaisons ne lui donneront peut-être pas. Pour être le serviteur de l’Église, le prêtre n’en est pas moins un citoyen français ; il semble donc que, sans porter atteinte au droit canonique, il ait le droit et le devoir, comme tout citoyen, de s’assurer contre les aléas de l’existence. Mais il peut, aussi, légitimement prétendre à des certitudes et à des garanties au sujet de cette assurance. Les caisses diocésaines actuelles, nous l’avons vu, ne garantissent rien, les secours sont aléatoires ; en un mot, les postulans n’ont pas le droit d’exiger en telles ou telles circonstances l’aide matérielle dont ils ont besoin. Il en sera peut-être de même avec le système des associations diocésaines, paroissiales ou cultuelles, en admettant que ces associations prévoient de tels buts. L’avenir de chaque prêtre resterait incertain. Avec une société mutuelle, fondée sur les principes que nous avons rapidement posés, il n’en serait pas ainsi. Chaque associé, possédant un livret individuel de la Caisse nationale des Retraites pour la vieillesse, saurait à un centime près la pension à laquelle il aurait droit à l’âge fixé par lui-même. Il resterait libre d’augmenter ses versemens afin de s’assurer une rente jusqu’à concurrence de 1 200 francs ; il lui serait également loisible de reculer de deux, quatre, cinq ou dix ans l’entrée en jouissance de cette pension afin d’en augmenter le taux. Cette partie de l’assurance serait certaine et fixe, elle aurait pour garans des barèmes et des statistiques qui ont fait leurs preuves depuis un demi-siècle.

Les allocations et secours d’invalidité resteraient proportionnés aux ressources de la Société. Mais chaque prêtre se trouvant dans les conditions des statuts aurait le droit d’exiger sa quote-part. On n’aurait plus la faculté de lui accorder… quelque chose, on aurait l’obligation de lui allouer la part qui lui reviendrait statutairement. Cette seconde partie de l’assurance, tout en n’ayant pas la rigidité de la première, pourra être très appréciable, surtout si les associations cultuelles ou diocésaines accordent à la société mutuelle des subventions assez fortes. Ce serait aussi un moyen de détourner beaucoup d’ecclésiastiques naïfs des spéculations hasardeuses où ils se lancent parfois pour s’assurer un avenir ; d’écarter d’eux la bande des aigrefins et des lanceurs d’affaires qui trouvent de faciles victimes dans de crédules intelligences livrées à elles-mêmes.