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un voyage à sparte.

de toute poésie. Durant des heures, je parcours un chaos de turqueries, de hautes murailles féodales françaises, de tours byzantines et de substructions helléniques ; je n’y regrette que le temps où le cheval ailé, Pégase, venait à l’abreuvoir de Pirène et qu’un héros le saisissait.

Autour de moi, la Grèce étale ses caps, ses golfes, ses îles, ses deux mers, les neiges du Parnasse enflammées de rose et le désordre des montagnes d’Achaïe. Je crois être sur la poupe des âges, baigné, battu par une ivresse indéterminée. Mais auprès de Pirène, nul beau délire qui ne se discipline. J’en fis l’épreuve ce soir-là. Tout ramenait ma pensée, qu’un immense spectacle eût voulu divertir, sur l’étroit miroir de la source, et la riche fable se développa en images, sous mes yeux, en même temps qu’une musique me parlait…

C’était au fond des âges, par un semblable soleil couchant. Il y avait de grands espaces calmes dans le ciel au-dessus de la mer et le rocher projetait de l’ombre sur la source. Là se tenaient le cheval et le héros. Petit groupe précieux sur l’immense décor. La robe du cheval fabuleux frissonnait de reflets et de moires vivantes. Sa tête un peu farouche, ses narines froncées, son œil plein d’éclairs, mais oblique, son sabot qui fouillait le sol, ses ailes agitées parfois à grand bruit, tout son être se défendait, tandis que le héros faiseur de calme le flattait et le tenait solidement par la crinière aux belles tresses.

« — Ô mon cher et beau cheval, disait le héros, tu hennis à l’espace et tu veux te soulever loin de tout ce que nous connaissons. Tu brûles de t’enfoncer dans la solitude des aigles et qu’au-dessous de toi disparaisse Corinthe. Il y a dans ton âme des paysages que tu veux aller reconnaître, fussent-ils dans le soleil. L’impatience met en mouvement tes ailes, tes naseaux et tes jeunes sabots. Si tu l’osais, tu me dirais que ma présence, autrefois ta vie, te gêne, te pèse et te limite.

« Oublies-tu nos beaux soirs dans des vallées silencieuses, où la nuit mettait une douceur qui desserrait ton cœur fumant ? Nos âmes se gonflaient : de bonheur, de douleur, j’ignore, mais d’une divine effusion. Nulle parole, nos regards perdus ; mais avec ivresse nous nous sentions captifs l’un de l’autre. Parfois tu t’arrêtais et tu battais l’espace avec tes longues ailes éclatantes, car jamais notre bonheur ne fut dépouillé d’une sensation d’éphémère ; ose dire, cependant, ingrat, si tu fus une dupe