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en œuvre ces ressources variées, voilà ce que la nature a donné au Mexique ; elles s’est montrée généreuse pour lui. Il ne reste plus aux hommes qu’à mettre en valeur les dons du ciel. Quels sont ces hommes ?


II

Les pays américains se classent de par l’origine de leur population en deux catégories très distinctes. Dans les uns, les habitans primitifs, qui s’y trouvaient il y a quatre siècles, ont presque complètement disparu, et ne représentent plus qu’une fraction insignifiante de la population actuelle, qui se compose d’immigrans volontaires arrivés d’Europe et, dans les parties chaudes, d’immigrans forcés amenés d’Afrique ou de leurs descendans. Dans les autres, les indigènes et les métis d’indigènes et de blancs continuent à former la majorité, bien qu’une notable portion des habitans descende aussi d’Européens immigrés, auxquels il ne se môle en général que très peu de noirs. C’est à cette dernière catégorie qu’appartient le Mexique, de munie que les contrées andines, où avaient pu se constituer, avant l’arrivée des Blancs, des sociétés nombreuses et policées, fort différentes des misérables tribus d’Indiens chasseurs ou pêcheurs errant dans les plaines du Mississippi, de l’Amazone et du Parana.

Au Mexique s’étaient formé deux centres principaux de civilisation indigène : celui de l’Anahuac et celui du Yucatan ; Ces deux civilisations alliées avaient acquis un développement qu’attestent, pourra première, les ruines d’Uxmal et de Palenqué, pour la seconde, les récits des compagnons de Fernand Cortez. Les conquistadors décrivent en termes admiratifs les splendeurs de Tenochtitlan, la capitale des Aztèques, dont la prépondérance avait succédé dans l’Anahuac à celle des Toltèques, puis des Chichimèques. Bâtie sur l’emplacement du Mexico moderne, au milieu des lacs, reliée par de solides chaussées à la terre ferme, elle renfermait 300 000 habitans ; le palais de l’empereur, assemblage de salles somptueuses, de parcs, d’étangs, était une vraie merveille, s’il faut en croire la Véridique histoire de la Conquête de la Nouvelle-Espagne, publiée à Madrid en 1632, et traduite en français par José-Maria de Heredia. Toute la région de l’Anahuac, où étaient venues s’accumuler les migrations arrivées du Nord était habitée par-une population aussi dense peut-être