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Le croiseur le Shah, frère de l’Inconstant, n’a pas craint de se mesurer avec le cuirassé Huascar. Le combat ne s’est point terminé à son désavantage, mais, en dehors de la question d’honneur, il n’en faut rien conclure, car il eût suffi du hasard d’un coup bien pointé pour mettre à mal le Shah.

Nous restons sur cette conclusion que, durant la période où la seule protection a consisté dans la cuirasse verticale surmontée d’un pont blindé, période qui, dans certaines marines, s’est prolongée jusqu’à nos jours, tous les bâtimens de guerre, tous les cuirassés comme les non-cuirassés, ont couru le risque d’être mis hors de combat et même détruits par un projectile unique.

Les nouvelles dispositions de la puissance défensive, à l’étude desquelles nous arrivons, ont eu pour objet, en partie de porter remède à cette situation critique, en partie de donner à la stabilité des navires un complément de protection dont nous allons voir la nécessité.


II

La position hasardeuse, où le progrès du canon tenait les navires de guerre, préoccupa de bonne heure quelques constructeurs. L’attention se dirigea d’abord du côté du grand cuirassé et du complément de protection nécessaire à ses parties vitales.

Il a transpiré quelque chose d’un navire à tourelles, dont l’étude fut entreprise par sir Edward Reed, vers 1870, après celle de la Dévastation, qui parut alors gigantesque, et qui devait présenter, sur la hauteur de sa ceinture verticale de cuirasse, une tranche horizontale remplie d’eau et vraisemblablement cloisonnée.

Chez nous, la première étude porta également sur une façon de grand monitor, dont le projet, daté du 16 juin 1870, doit être regardé, si imparfait qu’il soit, comme le prototype des navires protégés par une tranche cellulaire à la flottaison. L’entrepont supérieur, situé sous le pont blindé derrière une cuirasse verticale de 30 centimètres, était entièrement divisé en compartimens étanches communiquant entre eux par des portes étanches. Le pont inférieur de cette tranche était étanche ; il était, par sa position, au-dessous de la trajectoire probable des projectiles qui auraient perforé la cuirasse. Tous les passages