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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.



14 novembre.


Les incidens, les événemens si l’on veut, se précipitent avec une telle rapidité que ceux qui datent de huit jours sont déjà vieux. Cela rend difficile le rôle d’un chroniqueur : nous tâcherons pourtant de le remplir en nous excusant de paraître donner trop d’importance à des choses qui déjà n’en ont plus. Le point de départ de tout ce qui vient de se passer, et de ce qui se passera peut être encore, est la séance du 7 novembre à la Chambre des députés. Le gouvernement y a eu la majorité : mais cette majorité, dont la droite faisait partie, a semblé anormale, instable, provisoire, et on a vu M. le président du conseil en chercher une autre, l’ancienne, et faire des efforts éperdus pour la retrouver. Un ministre plus impatient que les autres, M. Berteaux, n’en a pas attendu l’effet : il a donné sa démission dans un geste qu’il avait déjà esquissé à deux ou trois reprises antérieures, comme s’il avait voulu s’y exercer pour le jour définitif. Il est sorti avec fracas de la salle des séances, son portefeuille sous le bras ; il y est rentré sans portefeuille, et est allé s’asseoir loin du banc des ministres, sur ceux de l’extrême gauche. C’est de l’éloquence figurée. M. Berteaux une fois dehors, M. Ribot a couru fermer la porte derrière lui, de peur qu’il ne revînt, car c’est encore un geste dont il est coutumier. « Nous voulons, a dit M. Ribot, un ministre de la Guerre qui ne soit que ministre de la Guerre. » Ce vœu, qui serait légitime en tout temps, l’est aujourd’hui plus que jamais. Le moyen le plus simple de le réaliser était de mettre au ministère de la Guerre un général. Comment M. Rouvier ne s’en est-il pas rendu compte ? Comment lui, ministre des Affaires étrangères, n’a-t-il pas compris qu’il fallait, en ce moment surtout, mettre le ministre de la Guerre au-des-