Page:Revue des Deux Mondes - 1905 - tome 30.djvu/392

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ou d’Espagne, soies blanches de Canton. « La soie grège est formée d’un certain nombre de fils élémentaires soudés entre eux par le grès coagulé, suivant des directions à peu près parallèles. En cet état, elle pourrait être soumise au tissage, mais elle est incapable de supporter les opérations de la teinture en flottes. Ces manipulations, en effet, nécessitent l’immersion de la soie dans des bains dont la température atteint 100°. Sous l’influence d’un pareil traitement, le grès perdant sa consistance, pouvant même entrer en dissolution, les fils élémentaires auraient une tendance à se séparer les uns des autres, à former des boucles et des nœuds ; il serait impossible ensuite de les soumettre au tissage. Pour donner à la soie grège plus de résistance, pour la transformer en un fil capable de subir le mieux possible les diverses manipulations qui lui sont imposées d’ordinaire avant d’être transformée en tissus, on la soumet au moulinage, appelé aussi ouvraison[1]. » Sous le régime de l’industrie dispersée, cette ouvraison était la spécialité de certaines manufactures appelées moulins, établies surtout dans la Haute-Italie, Piémont et Lombardie, aux environs de Bergame, dans le Midi de la France et le Sud de la Grande-Bretagne[2].

« Le moulinage, qui constitue une des préparations fondamentales de la soie, comprend quatre opérations :

1o  Dévidage des écheveaux de la soie grège, pour la transporter sur des bobines ;

2o  Torsion donnée séparément à chaque fil de grège provenant des bobines ;

3o  Doublage de deux fils de grège préalablement tordus, isolément ou non, torsion imprimée au double fil obtenu, et nouveau dévidage sur les bobines :

4o  Formation, par torsion nouvelle, des fils provenant de l’assemblage de deux ou d’un plus grand nombre de fils de grège préalablement tordus ou non ; dévidage sur des guindres et mises en écheveaux.

La torsion d’un seul fil de grège porte le nom de premier tors ou premier apprêt et donne un fil qui est désigné sous le nom de poil.

  1. La Soie au point de vue scientifique et industriel, par Léo Vignon, maître de conférences à la Faculté des sciences, sous-directeur de l’École de chimie industrielle de Lyon, 1 vol. in-16. Bibliothèque des connaissances utiles ; Paris, J. -B. Baillière et fils, 1890, p. 151.
  2. Ure, Philosophie des manufactures, I, ch. II, p. 356.