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l’avenir, et ne voyant pas un public homogène dont nous puissions exprimer ou exciter l’âme ?

Phidias a senti cet équilibre autour de lui dans la société et dans l’honnête homme. Comme tous les philosophes et artistes grecs, il regarde, écoute la nature ; il est un observateur, non pas un inspiré que favorise une révélation mystérieuse : il voit les vainqueurs de Marathon et de Platées, et il sait tirer des beaux corps de ces hommes libres de quoi nous ravir. Qu’il ait été lui-même un homme chétif, incertain, c’est possible, mais il avait l’amour de l’ordre, des proportions justes, des moyens simples ; et ces qualités, peut-être n’étaient-elles pas sans mélange chez ses concitoyens, mais il a su les choisir et les isoler.

L’invention artistique n’est pas une bonne fortune de hasard ; elle est la trouvaille d’un heureux regard que le génie jette sur la nature. Notre Corneille a discerné quelque chose de généreux, d’héroïque, de « cornélien » chez les Français de son temps, qui, s’ils étaient regardés, vivaient et mouraient volontiers pour l’honneur. Comme le poète Corneille, dans les mœurs de l’âme, le poète Phidias, dans les mœurs du corps, a reconnu une très noble qualité, qu’il a séparée et accentuée pour la faire éclater devant le monde.

Un Phidias, un Corneille ont aimé autour d’eux ce qu’on n’avait pas encore distingué. Ils ont enrichi l’idéal en définissant des façons de sentir ; nous savons que le Cid, Horace, Cinna, ont ajouté quelque chose à l’honneur français, et, c’est de la même manière, sans doute, que Quintilien disait que le Zeus de Phidias avait ajouté quelque chose à la religion.


La religion grecque était essentiellement traditionaliste. Phidias, y ajoutant quelque chose, devait passer pour un impie. Ses ennemis prétendirent qu’il s’était attribué une partie de l’or destiné à la statue d’Athéna. C’est une coutume universelle de déshonorer, par une accusation de détournement des deniers publics, ceux que les partis poursuivent de haines politiques ou religieuses. Phidias se justifia de ce prétendu vol. Alors on avança qu’il avait dénaturé les attributs des simulacres divins, qu’il avait mis la figure de Périclès sur le bouclier d’Athéna. Il s’enfuit, et l’on doit croire qu’à Olympie, où il exécutait d’admirables travaux, il finit par succomber sous les accusations d’impiété.

Ici, l’on peut faire quelques réflexions sur l’isolement où se