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un voyage à sparte.

pas un sculpteur, ni un connaisseur de la beauté des corps ; ce n’est pas moi qui pourrais dire le mot passionné de M. Ingres : « Ces muscles, ils sont tous nos amis ; » mais je me crois apte à comprendre les statues comme l’expression fixée d’une certaine sensibilité.

C’est à la longue que j’ai compris quelque chose de Phidias. Je ne l’ai point pénétré d’une vue et par le sentiment, je me suis aidé de réflexions. Chacun s’avance vers la vérité avec ses propres moyens.


Phidias fut mis à la tête des grands travaux d’Athènes par son ami Périclès. Ses pouvoirs peuvent être comparés à ceux d’un Alfred Picard dans nos dernières expositions : il commandait une armée de sculpteurs, de peintres et d’architectes. Il a réglé et surveillé la construction du Parthénon, il a dessiné les modèles des quatre-vingt-douze métopes et de la frise ; l’exécution, il la distribuait à ses collaborateurs. Pour connaître son excellence propre, il faudrait que nous puissions juger de l’effet que produisait dans le sanctuaire sa statue colossale d’Athéna, toute revêtue d’or et d’ivoire et haute de quinze mètres. Toutefois la plupart des cinquante statues ou morceaux de frontons doivent être de sa main, et le nu de l’Héraclès, les draperies de l’Iris debout, le groupe de Déméter et de Coré, les trois Parques assises, la figure nue de Céphise, qui sont à Londres, ou bien le torse de Poséidon, et Cécrops avec sa fille, qui demeurent à Athènes, exigent qu’on s’agenouille : grâce, plénitude, souplesse, voici la fleur des choses et la plus profonde vie morale.

Chaque fois que je regarde le Parthénon et les sculptures de la frise, des frontons, des métopes, je me dis : « Quel bonheur dans tout cela, bonheur d’artiste, réussite, force, aisance à vivre ! »

Ils étaient heureux, les contemporains de Phidias, ces Athéniens, dans leur belle patrie reconquise ; heureux de leurs pères, d’eux-mêmes, de leurs ressources et de leur gloire ! Je les compare à des hommes qui, sortis avec succès, grâce à leur énergie, de la plus périlleuse aventure, se sont bâti une maison disposée tout à leur convenance. Ils se préparent à jouir de la vie avec sécurité. Ils ne rêvent que d’ordre et d’harmonie. Comment ne les envierions-nous pas, nous les artistes d’aujourd’hui, mal satisfaits de notre société, enclins à préférer soit le passé, soit