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un voyage à sparte.

il traverse au pas de course et sabre à la main le gros de l’armée turque, chaque soldat portant de la farine et de la poudre. Il resta dans l’Acropole pendant six mois de misère terrible. Mais Athènes sauvée fut jointe au Péloponèse et aux îles pour former la Grèce indépendante. Les ducs de Brienne sont sur le chemin que je parcours pour aller en Lorraine. Fabvier est de Pont-à-Mousson. Notre sang nous force à sentir dans le mot de Grèce autre chose que ce que l’Hellade était pour Périclès.

Le pensionnaire. — Ça, c’est trop fort ! Je ne vois pas ce que le « sang français » vient faire là dedans ! Je suis un archéologue classique et je fais mon métier.

Le voyageur. — Je crains qu’à faire votre métier vous n’oubliiez la raison de votre métier. Après tout, l’archéologie ne peut avoir d’autre objet que de nous fournir des documens pour que nous sentions et jugions. Et, je vous prie, avec quoi sentirais-je et jugerais-je, sinon avec ma sensibilité et ma raison françaises. Mais je n’insiste pas sur cette considération s’il vous semble que je m’égare. Votre métier d’helléniste et d’archéologue, puisque vous vous y tenez, c’est de mettre sous nos yeux des documens contrôlés ; eh bien ! je me plains que vous m’ayez supprimé des documens certains. En somme, je venais en Grèce pour comprendre et pour jouir. Je me plains que vous n’ayez pas laissé l’espace des siècles à mon imagination. J’ai plus de confiance que vous dans la puissance totale de cette terre. Sa perfection, dites-vous, fut au temps de Périclès. Ma piété pour cette époque s’augmente à voir que notre Fabvier fit de grandes choses parce que Périclès avait existé. De même, s’il flotte tant de poésie autour des seigneurs champenois et bourguignons qui régnèrent un jour ici, c’est qu’ils sont les successeurs d’un Périclès. La Grèce expurgée que vous me proposez est une vérité sèche, mal féconde. Celle que je réclame a plus d’atmosphère, est mieux mêlée de douleur, de pitié, de respect, d’élévation morale. Qu’est-ce qu’elle fait de moi pendant que je la regarde, votre ruine bien nettoyée ? Un amoureux, un héros, un sage ? Elle me met hors de la vie. Au contraire, un Parthénon qui va de Pisistrate à la guerre de l’Indépendance me communique des notions qui se muent aisément en sentimens : il fait de moi un philosophe et un héros.

Le pensionnaire. — Je n’entends rien à tout cela. Jamais je ne me suis demandé le retentissement moral de mes travaux scientifiques.