Elle sert maintenant à dompter des tumultes,
Avec l’ordre formel de subir les insultes
Et, sans jamais broncher, de recevoir les coups.
Elle applique des lois infâmes. Nos pioupious,
Au siège d’un couvent de femmes en cornette,
Ont armé leurs fusils du sabre-baïonnette,
— Quelle dérision ! — comme si l’on allait
Les mitrailler avec des grains de chapelet.
L’abjecte politique ici répand ses lèpres.
Tel brave commandant — sa femme allant aux vêpres —
Ne doit plus obtenir un grade mérité.
Au mess des lieutenans, où la franche gaîté
Régnait jadis, chacun se tient sur la réserve
Et par le peu, songeant que la Loge l’observe
Et que peut-être, à table, est assis un Judas.
Voilà le nouveau sort de nos pauvres soldats,
Mais ce qui, plus que tout, épouvante et désole
Le capitaine, c’est que des maîtres d’école,
Qui jadis montraient Metz et Strasbourg sur l’atlas,
Pervertis par Hervé, Jaurès et Thalamas,
Enseignent aux petits Français que la patrie
N’est plus qu’une stupide et vieille idolâtrie
Et que « Guerre à la guerre ! » est le plus beau des cris.
El Morel, accablé, songe aux futurs conscrits,
Dès l’enfance infectés de sottise primaire
Et certains — sauront-ils seulement la grammaire ? —
Qu’ils auront pour devoir, en cas d’invasion,
Le refus d’obéir et la désertion !
C’en est trop ! Le vaillant homme se décourage.
Pourtant, lorsque, le soir, rongeant sa sourde rage,
Il rentre dans sa chambre et qu’il voit, sur le mur,
Des armes que le temps ternit d’un souffle obscur,
— Souvenirs vénérés, reliques de famille, —
Il relève son front chagrin et son œil brille.
Oui, tout son patrimoine est là : Fusil d’honneur,
Paire de pistolets donnés par l’Empereur,
Insignes de combat aux formes surannées,
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