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Pour toujours triste, mais plein de gloire et d’honneur.
Il se marie, un fils lui naît et — quel bonheur ! —
Quand, avec un bâton, l’enfant dit : « Portez… arme ! »
Le commandant contient avec peine une larme
Et, depuis lors, dans sa retraite, a moins d’ennui.
D’ailleurs on le vénère et tous sont fiers de lui.
Pour qu’il sourie un peu sous sa moustache austère,
Tous les gamins lui font le salut militaire ;
Et quand, dans son jardin, il s’attarde, le soir,
Les gars, en le voyant poser son arrosoir
Et regarder, songeur et redressant sa taille,
Un ciel ensanglanté comme un champ de bataille,
S’imaginent aussi qu’au-dessus de leurs fronts,
Passe le furieux galop des escadrons
Devant Napoléon, là-bas, dans la fumée,
Et se disent : « Le vieux pense à la Grande Armée ! »

Enfin il meurt, et c’est un deuil dans le canton.
On tire sur sa tombe un feu de peloton.
Il meurt, las et vaincu, mais l’âme consolée,
Et certain qu’après tant de gloire accumulée,
Malgré bien des revers et des revers encor,
La France ne peut pas épuiser ce trésor !


LE PÈRE


L’enfant qui, tout petit, apprenait l’exercice
Et faisait, en papier, des bonnets de police,
Prosper Morel s’engage, ayant le diable au corps,
Pour partir en Alger, comme on disait alors.
Les lauriers poussent vite en ce climat féerique.
Ce spahi devient l’un de ces héros d’Afrique,
Coiffés de la chéchia, drapés dans le burnous,
Viveurs, élégamment débraillés, mais qui tous
Doivent le martial éclat qui les entoure
A des actes de mâle et superbe bravoure,
Comme à Sidi-Brahim et comme à Mazagran.

Ce charmant cavalier au cœur de vétéran,
Dont les beaux yeux et les allures pittoresques